La pifométrie anglo-saxonne Par Frédéric Chotard ancien capitaine au long cours et Professeur Émérite de Pifométrie Appliquée. Dans le cadre des projets d'ouverture au monde non-francophone des travaux de l'ENSIP, je me permets d'apporter ma modeste contribution à l'effort de recherche commun. Comment, en effet, la pifométrie pourrait-elle ne pas se pencher sur le cas fascinant de nos voisins britanniques, qui ont su institutionnaliser, voire même nationaliser l'usage du pifomètre ? Voilà un peuple qui a su, et saura encore longtemps, rejeter les insuffisances du système métrique, mépriser les failles du découpage décimal, et d'une manière générale lutter contre la suffisance batracianophage et pifométricide du cartésianisme français. On ne devient pas ennemis héréditaires sans raison valables. À l'instar de leur système de mesure "avoir du poids" la pifométrie s'appelle là-bas le système "avoir du nez" en français dans le texte (résidu de la conquête normande). (mise à jour du 14 décembre 2005) Rappelons d'un mot les aspects les plus intéressants de l'état pifométrique des systèmes de mesure anglo-saxons pour mesurer l'étendue de leur avance en ce domaine. L'inch, à lui seul, mériterait qu'on lui consacre un ouvrage entier. Soulignons ici simplement le fait qu'il en faut 12 pour faire un foot, alors que 3 feet suffisent pour obtenir un yard. On pourra objecter que ces équivalences fixes peuvent nuire à la souplesse de la mesure pifométrique; notons toutefois, d'une part, l'inadéquation totale au système métrique tristement universel, et d'autre part la variété que l'on peut trouver dans ce domaine. Les britanniques règlent leurs pifomètres à 25,399978 mm pour un inch, tandis que leurs cousins américains l'étalonnent à 25,4000508. On appréciera de même la nuance entre le statute mile et le nautical mile (respectivement 1609,3426 m dans les pays du Commonwealth pour 1609,3472 aux Etats-Unis, et 1852 m aux Etats-Unis pour 1853,1824 m dans le Commonwealth, soit bien sûr 6080 feet.) L'auteur espère de tout coeur n'avoir pas essouflé le lecteur par cette avalanche de chiffres, mais le sérieux des études pifométriques n'a pas de prix, et nous ne saurions transiger avec la réalité des faits. En termes de lexique, la langue anglaise offre également un terrain d'étude non négligeable. Pour citer quelques exemples simples, l'unité de distance est le way, celle de volume le bit. En voici quelques valeurs : + A hell of a way Quite a long way A long way A little way Just a little way, really. - + Quite a bit A little bit A teeny-weeny bit - Le lecteur aura compris qu'il ne s'agit pas ici de dresser un tableau exhaustif des merveilles de la portée pifométrique de la langue anglaise, mais simplement de lever un coin de rideau sur ce que nous devons à nos voisins. Je voudrais pour finir, et en hommage respectueux au capitaine et caporal Jacques Perret à qui nous devons tant, souligner le fait que l'art nautique, si riche en méthodes pifométriques, doit énormément aux navigateurs et précurseurs britanniques. Qu'ils en soient ici remerciés. Frédéric Chotard |