(Mise à jour du 12 décembre 2011)

INTRODUCTION:

Cet exposé n'aurait jamais vu le jour sans les travaux scientifiques de M. Jacques Perret, capitaine au long cours, qui a établi les trois principes de bases qui régissent encore de nos jours la science pifométrique appliquée.

Je tiens à remercier aussi M. Jean Blanchard, ancien directeur de l'E.N.S.I.P., (École Nationale Supérieure des Ingénieurs en Pifométrie) dont les travaux ont permis à la France de maîtriser l'arme nucléaire.


LES TROIS PRINCIPES DU CAPITAINE AU LONG COURS JACQUES PERRET :

  • Le pifomètre est strictement personnel, inaliénable, consubstantiel à l'individu et inutilisable par autrui.
  • Deux pifômes ou pifomètres de polarités inverses ne s'attirent pas, ils ne se repoussent pas non plus.
  • On ne peut rien tirer de bon d'une moyenne pifométrique.


 

OBSERVATIONS DE BASE :

  • La pifométrie est une science très ancienne et universelle.
  • Les enfants sont, à la naissance, dotés de leur propre pifomètre incorporé. Ceci est une preuve supplémentaire, s'il en était besoin, de la transmissibilité des caractères acquis.
  • La précision d'un pifomètre est inégalable.
  • On n'a jamais entendu parler de pifomètre à vernier, ou à règle incrémentale numérique.
  • Encore moins de pifomètre à vis micrométrique ou à visée laser par interférométrie.
  • Le pifomètre individuel suffit en toute occasion.
  • La pifométrie spécialisée est si particulière que nous l'avons écartée du champs de la pifométrie scientifique.
  • Un exemple ? La pifométrie gastronomique utilise souvent des unités mythiques :
  • Il est toujours question de noix de beurre alors qu'on a jamais vu un cuisinier, encore moins une cuisinière, sculpter du beurre en forme de noix.

La cause est entendue, ignorons la pifométrie spécialisée et restreignons nous dans ce cours sur les unités de base à la pifométrie universelle et scientifique.

Dans la marine, se plaisait à rappeler avec nostalgie le capitaine Jacques Perret les principales unités étaient les suivantes :

  • unité de numération, la palanquée;
  • unité de longueur, la touée;
  • unité de volume, la moque;
  • unité de vent, le corne-cul;
  • unité de mauvais temps, le foutre.

Nous ne sommes pas tous des marins chevronnés aussi nous reviendrons  au domaine strictement scientifique pour constater que les règles pifométriques n'ont pas été rédigées par nos glorieux ancêtres mais que, bien qu'aucune règle écrite n'ait jamais été enseignée au plus grand nombre, chacun les applique d'instinct.


LES TROIS RÈGLES DE L'INGÉNIEUR JEAN BLANCHARD : 

  • Règle 1 : Le produit d'une unité pifométrique par un scalaire quelconque égale l'unité pifométrique initiale.
  • Démonstration, "deux minutes d'attente" ou "trois minutes d'attente s'il vous plaît" représentent exactement le même temps que "une minute s'il vous plaît".
  • Règle 2 : Deux longueurs pifométriques égales ne sont pas superposables.
  • Démonstration , la longueur d'un même poisson manqué, définie par l'écartement des mains du pêcheur, varie selon la personne à qui le pécheur raconte sa mésaventure.
  • Règle 3 : Une unité pifométrique peut représenter des grandeurs différentes selon les individus et cela n'a aucune importance.
  • Démonstration, La giclée d'huile conserve toute son efficacité quelle que soit son importance.


LES UNITÉS PIFOMÉTRIQUES

1) UNITÉS DE TEMPS :

A tout seigneur tout honneur, nous commencerons par le Temps, cette grandeur, éminemment subjective possède de très nombreuses unités.

  • LE BOUT DE TEMPS est une unité classique utilisée aussi bien pour décrire le passé que pour prévoir l'avenir. On peut devoir attendre un bout de temps ou évoquer un événement qui s'est produit il y a un bout de temps. Sous multiple le petit bout de temps et multiple le bon bout de temps.
  • LE LAPS est une unité qui possède une caractéristique de certitude apaisante pour l'esprit scientifique. On dit un "certain laps de temps".
  • L'ÉTERNITÉ est équivalente au bout de temps mais ne s'applique que si l'intervalle a été difficilement supporté. Selon Woody Allen, l'éternité c'est très long, surtout vers la fin. On remarquera ici que la pifométrie ne se borne pas à mesurer une grandeur mais en précise la qualité.
  • L'INSTANT est strictement équivalent au bout de temps ou à l'éternité mais on accorde à cet intervalle de temps un préjugé d'aisance et de légèreté.
  • LE BAIL par contre laisse entrevoir l'intervention de puissances occultes et de tendances formalistes.
  • LA PAYE ne s'applique qu'au temps passé. on dit "il y a une paye..." mais jamais "dans une paye".
  • LA MINUTE ou MINUTE DE COIFFEUR n'a strictement aucune relation linéaire ou autre avec le jour solaire moyen. Il est très fâcheux qu'une homonymie purement accidentelle ait pu amener quelques ignorants à faire des comparaisons avec la minute sottement mesurée avec un grossier chronomètre ou encore avec une horloge atomique, dont l'exactitude, on le sait est sujette à varier selon l'évolution des théories. La minute a deux sous-multiples, la petite minute et la seconde. La minute s'utilise aussi au pluriel mais là on aborde le domaine de la poésie.

  • LA SAINT GLIN-GLIN La fameuse "Saint Glin-Glin" dont nul n'a jamais pu calculer la date avec certitude.
  • LA DATE BUTOIR Nous sommes beaucoup plus inquiet pour la fabuleuse et fatidique "date butoir" dont il semble qu'elle puisse évoluer à la même vitesse que les retards accumulés.
  • LE TEMPS DE DIRE OUF Autre mesure indispensable : "le temps de dire ouf" qui, vous en conviendrez, a une durée variable car directement proportionnelle à la capacité thoracique de la personne ayant besoin de souffler.
  • LE TEMPS DE DIRE UNE MESSE : ll y a une foultitude d'autres expressions médiévales destinées à rendre compte d'une certaine quantité de temps écoulé : le temps de dire une messe, le temps de se rendre au village voisin, le temps de vider une chopine (ce qui renvoie au volume de la chopine), etc., etc.
  • LE QUART D'HEURE POITEVIN Apprenez au cinéma, au théâtre, au concert ou dans un hall de gare en attendant quelqu'un...à savourer "les délices du quart d'heure poitevin"

 

2) UNITÉS DE LONGUEUR : 

  • LE MÈTRE est une unité connue qui, avec ses multiples et ses sous-multiples, devrait s'appliquer à tout. On voit immédiatement le caractère artificiel et imprécis de cette unité dès qu'on veut évoquer de grandes dimensions (voir à ce sujet le corpus de la Pifométrie anglo-Saxonne, pif gibi, qui n'a jamais cédé au système métrique) On abandonne alors le mètre et ses multiples pour parler en années lumières ou en mégaparsec. À l'autre bout de l'échelle en dessous du micromètre qu'on ne connaît d'ailleurs que sous le nom de micron plus personne n'arrive à s'y retrouver avec les nanomètres et autres picomètres. La pifomètrie est beaucoup plus riche et propose des unités autrement plus intéressantes.
  • LE BOUT DE CHEMIN s'emploie pour des distances parcourues ou à parcourir. Il a bien sûr un multiple, le bon bout de chemin, mais on préfère en général utiliser la trotte dont l'usage n'impose pas d'ailleurs le moyen de transport utilisé.

 

3) UNITÉS DE VITESSE :

Pour déblayer le terrain on verra qu'il convient d'éliminer quelques termes en lesquels quelques esprits confus ont cru reconnaître des étalons de vitesse. Ces unités sont le "à toute berzingue", "à toutes pompes" et autres "du tonnerre".

Dans le système pifométrique il n'y a qu'une unité de vitesse mais elle est beaucoup plus élaborée que celles des systèmes classiques. Dans ceux-ci, en effet, la vitesse a pour équation aux dimensions LT-1.

Dans le système pifométrique, on envisage la vitesse du temps.

D'aucuns, sans réfléchir, nous objecterons que TT-1 , cela donne une grandeur sans dimension. Mais ils oublient qu'il y a T et T, temps et temps, le temps qui passe et le temps pour tout, de sorte que, bien avant Einstein, la pifométrie avait déjà envisagé la relativité du temps et en avait mesuré la vitesse d'écoulement.

L'unité de vitesse est donc unique : c'est la "De ces vitesses" qui s'emploie toujours seule.

Une voiture roule à une "de ces vitesses", tout un chacun a senti le temps passer vite ou lentement. Le pifométricien, seul, a songé à évaluer la vélocité de la variation du temps.

A ce sujet, on notera que les pifométriciens ont depuis longtemps senti l'importance de la proximité et l'unité topologico-pifométrique universellement employée est le poil (voir plus bas une variante de proximité avec l'unité d'ajustage "le cheveu")

On mesure ou on passe à un poil près (variante, le poil de Q, voir à ce nom).

Un seul sous multiple, le micro-poil, suffit à apporter le maximum de précision.

4) UNITÉ NON DÉNOMMÉE :

Le pifométricien dispose en outre d'une unité qui n'a son équivalent dans aucun autre système :

Elle s'exprime en étendant les bras à l'horizontale, les paumes parallèles et se faisant face. Ce geste est OBLIGATOIREMENT accompagné de l'expression "comme ça". L'unité non dénommée est surtout utilisée par les pêcheurs à la ligne, mais elle est cependant d'usage courant dans beaucoup de domaines.

5) UNITÉS DE SURFACE :

Une nouvelle unité de surface, très en vogue aujourd'hui auprès de la gent journalistique qui est à la dithyrambe ce que le pâté est aux alouettes : "le terrain de football" ou "Terrain de foot".

Pour évoquer des dimensions grandioses, les journalistes de service n'hésitent pas à dimensionner la surface en question "comme deux à trois terrains de foot".

6) UNITÉS DE VOLUME :

La plupart des unités de volume usitées en pifométrie , le pot, le godet, la louche, la cuillère, le setier et autres boujarons relèvent de la gastronomie et ne sont donc pas traitées dans le cadre spécifique des unités de volume mais au chapitre des unités gastronomiques.

On gardera la "giclée" et son multiple la "vieille giclée" en se souvenant qu'à l'époque des locomotives à vapeur il était d'usage de graisser abondamment avec une "sacrée giclée".

7) UNITÉS DE QUANTITÉ :

Le problème est beaucoup plus complexe et des unités différentes sont d'ordinaire usitées selon l'importance qualitative ou quantitative des grandeurs considérées et selon le fait qu'elles ont ou non une nature concrète. Par exemple "l'idée" ou le "fifrelin" s'appliquent au tangible seul alors que "la bonne dose" est d'un emploi beaucoup plus vaste.

On a tous entendu évaluer une bonne dose de patience ou de philosophie.

Quant à la "ration" elle évoque, étymologiquement parlant, la raison et la perfection. Pourquoi dès lors certaines personnes éprouvent-elles le besoin de parler d'une "bonne ration", ce qui, à proprement parler est un pléonasme. On peut par contre parler d'une "sacrée ration" ce qui implique une idée d'excès.

Mais l'unité la plus connue des francophones est une unité qui, bien qu'étant dans toutes les bouches, ce qui étant donné son étymologie scatologique est quand même déplaisant, est aussi l'unité la plus utilisée dans le langage courant et ne sera pas ici désignée tant elle est connue. Utilisée seule elle évoque déjà des multitudes, avec son préfixe "Méga c...." elle évoque alors une ampleur galactique.

On parlera aussi du Chouia, ou chouïa ou encore chouya qui nous vient de l'arabe maghrébin suya "un peu" le sens premier de petite quantité (avant 1870) a donné lieu à un surprenant renversement de sens dans la locution "pas chouia" qui là signifie pas beaucoup.

Un mot qui correspond, à un chouia prés à Chouia, BESEF a été emprunté à l'arabe d'Algérie "bezzaf" qui signifie "en quantité et qui correspond à l'arabe littéraire biz-zaf qui veut dire "beaucoup".

Courteline écrivait ce mot beseff.

Le mot s'est répandu par l'intermédiaire de l'argot des soldats ayant servi en Algérie à partir de 1867. Il est surtout usité en emploi négatif (pas bésef) et, mais l'usage s'en est perdu, comme intensif dans "bono bésef" qui veut dire "très bon".

Les visiteurs qui pénètrent pour la première fois dans le restaurant des étudiants de l'ENSIP sont toujours surpris par le murmure continuel qui ponctue chaque repas. Ignorant totalement cette expression désuète, ils ne comprennent pas que les étudiants répètent à s'en étourdir "bono bésef, bono bésef...

On peut noter que le bésef-étalon déposé par le Général Bugeau dans les caves climatisées du Pavillon de Breteuil est équivalent, à un fifrelin près, au chouia-étalon entreposé au Musée des Arts et Métiers (métro Arts et Métiers.)

8) UNITÉS DE TEMPÉRATURE :

Dans ce domaine, la pifométrie se rapproche des autres systèmes.

Le pifométricien, homme de bon sens, se gardera d'approcher son pifomètre d'une source de température inconnue. Même dans les systèmes classiques on ne répugne pas à utiliser des couleurs pour évaluer la température d'un métal, chauffé au rouge cerise, ou encore gorge de pigeon ou alors la température de la glace fondante.

S'il s'agit de températures ambiantes l'objection disparaît puisqu'on retrouve l'usage de son pifomètre. "Le froid de loup" "de canard" ou tout simplement "polaire" ou encore "sibérien" sont balancés par des chaleurs de "fournaise" ou "tropicales". La fièvre peut être "de cheval" mais cette unité doit être utilisée avec la plus grande circonspection en raison du fait que le cheval est lui même une unité pifométrique.

9) UNITÉS SPÉCIFIQUES :

La pifométrie est une science qui, en raison de son caractère subjectif, ne souffre pas l'imprécision.

  • Unité d'imprécision, le cheval sert à indiquer que la grandeur dont on vient de prendre la mesure eût mérité d'être traitée avec plus de précision. Par exemple 30 kg à "un cheval près" ou 30 km à "un cheval près".
  • Unité à géométrie variable. "Le pouce" est une unité de longueur, historiquement une subdivision du pied (vers 1140) qui est toujours utilisée par les peuplades anglo-saxonnes.

Dans nos contrées civilisées on utilise en premier lieu le pouce pour exprimer de courtes distances dont le franchissement implique douleur ou effort. Exemple, ne pas céder un pouce de terrain (dans le cas du XV de France lors d'une mêlée contre les Anglois) ou son synonyme ne pas reculer d'un pouce.

Si l'on n'est pas pas très au fait des usages de la table on y met les quatre doigts et le pouce manière de dire qu'on baffre comme un cochon.

On a gardé l'expression mettre les pouces, pour s'avouer vaincu, sans doute en souvenir de l'époque où les prisonniers étaient astreints aux poucettes, l'ancêtre de nos menottes.

Aujourd'hui comme tout le monde est pressé on a coutume de prendre un petit verre sur le pouce ou encore de manger sur le pouce et même, quand on a plus rien à faire, de se tourner les pouces.

On notera que le pouce multiplié par 19,60 centièmes s'appelle la TVA.

10) UNITÉS D'AJUSTAGE :

  • "Les poussières". Le pifomètre, instrument de précision peut aisément évaluer la poussière. Le pifométricien averti sait que cette sensibilité est inaccessible au physiciens et emploie toujours le pluriel pour ajuster la mesure d'une grandeur physique. Exemple un tuyau de 35 mm et des poussières.
  • "Le cheveu" . Le cheveu, du latin capillus, poil, est entré, grâce à la pifométrie, dans les expressions figurées pour désigner une "ténuité" dans l'expression "il s'en est fallu d'un cheveu" ou de finesse "couper les cheveux en quatre" en remplacement du plus ancien "fendre un cheveu en deux" utilisé vers 1690.
  • Le poil de Q. voir l'article consacré à cette unité dans le cours de pifométrie appliquée à la physiologie.

 11) LES UNITÉS PIFOMÉTRIQUES DE VOLUME DES FLUIDES INCOMPRESSIBLES CONSOMMABLES.

Rapport d'étude de Jacques Maurin :
    Si la gastronomie est réputée détenir le pompon de la pifométrie en matière de quantités et volumes, ces derniers nous semblent quelque peu négligés en ce domaine. Qui ne s’est, un jour, attiré les foudres du voisin de camping en noyant, par ignorance, son pastis âprement gagné au terme d’une lutte acharnée à la pétanque traditionnelle ? Souvenons-nous des déboires de Marius au Bar de la Marine pour doser un picon-citron-curaçao :

CÉSAR    Tu mets d'abord un tiers de curaçao. Fais attention : un tout petit tiers. Bon. Maintenant, un tiers de citron. Un peu plus gros. Bon. Ensuite, un BON tiers de Picon. Regarde la couleur. Regarde comme c'est joli. Et à la fin, un GRAND tiers d'eau. Voilà.

MARIUS    Et ça fait quatre tiers.
CÉSAR    Exactement. J'espère que cette fois, tu as compris.
MARIUS    Dans un verre, il n'y a que trois tiers.
CÉSAR    Mais, imbécile, ça dépend de la grosseur des tiers !
MARIUS    Eh non, ça ne dépend pas. Même dans un arrosoir, on ne peut mettre que trois tiers.
CÉSAR     Alors, explique moi comment j'en ai mis quatre dans ce verre.
MARIUS    Ça, c'est de l'arithmétique.


    À la lecture de ce texte sacré et à l’examen des pratiques de comptoir ou de l’usager lambda, il est aujourd’hui indispensable d’analyser ce département spécialisé de la pifométrie et de tenter d’en définir les aspects les plus représentatifs. Il est à noter dès à présent que les unités pifométriques de volume sont principalement utilisées en apérologie appliquée.

11.1 Les contenants

    Nous ne nous étendrons pas sur le sujet, déjà évoqué dans le domaine de la gastronomie pifométrique. On ne peut cependant pas parler de volumes sans évoquer leurs contenants. Aucun volume ne peut perdurer sans ces derniers. D’ailleurs, souvent, le contenant détermine le volume. En voici donc une liste non exhaustive, sachant que seuls les récipients à boire nous intéressent, excluant ainsi ceux destinés au transport ou au stockage tels que bouteilles1 , bonbonnes, carafes, chopines, fûts, citernes, etc. dont les lois sont régis par les mathématiques ordinaires pour des raisons bassement commerciales.

Bol : Récipient en forme de demi-sphère. Curieusement, on y absorbe également de l’air.

Boujaron : Ancien terme de marine désignant un récipient de métal dans lequel on servait aux marins leur ration quotidienne d'alcool.


Canette : À l’origine unité de mesure spécifique à la bière, désignant par la suite une bouteille à fermeture mécanique contenant le même breuvage. La canette est aujourd’hui une boîte ronde métallique de 33 cl à ouverture dite « facile » grâce à un anneau et une languette. Peu hygiénique, elle est pourtant universellement utilisée pour boire toutes sortes de liquides.

Cuiller ou cuillère : Unité utilisée en cuisine ou en médication avec tous ses multiples ou sous-multiples, la cuiller rase, pleine, à thé, à café, à soupe etc. Peu utilisée pour boire car peu pratique et petite.

Dé à coudre : Objet assurant à l’origine la protection du doigt des couturières. Quoique n’ayant jamais servi à boire quoique ce soit, il est un contenant à titre métonymique.

Gobelet : Récipient pour boire, sans anse ni pied, plus haut que large.

Godet : Petit récipient sans pied utilisé pour boire (et par métonymie le contenu d'un godet).


Guindal : Terme ancien désignant un verre à boire (et par métonymie le contenu d'un guindal).

Hanap : Grand vase à boire du moyen âge.

Humain : Il contient environ 5 litres de sang et 70 % de son poids en eau. Il est donc un contenant, surtout s’il boit comme une éponge, il prend alors la forme d’une outre ou d’un sac à vin. Il n’est pas pour autant un récipient à boire ni même un récipient de stockage, mais sa particularité nous semble digne d’être relevée.

 humain

Ayons une pensée émue pour la gidouille du père Ubu qui matérialise parfaitement l’idéal du corps-récipient humain.

Louche : Grande cuiller. Peu pratique pour boire.

Mazagran : Récipient à pied épais pour prendre le café.

Purrù : Sorte de carafe en verre munie d’un bec long pour boire à la régalade, exercice très périlleux pour les non initiés. Instrument à boire spécifiquement catalan contenant généralement du muscat ou un vin doux local, et qui sert lors des festivités nombreuses dans cette région.


Purrù

Verre : Objet commun qui ne sert qu’à boire2, le verre se décline dans toutes les formes et dimensions. Il est utilisé pour contenir tous les liquides. On parle de verre3  à liqueur, à pied, à vin, à porto, à bordeaux, à bière, à champagne, à café. Quelques variantes du verre : le bock (verre à bière de 25 cl), la chope (verre à anse), la coupe (large verre à pied), la flûte (verre étroit et allongé), la momie (petit verre à pastis), etc. Le verre n’est pas toujours fait dans ce matériau. Il peut-être en cristal, en plastique, en carton. On le boit, mais aussi, on le prend, on se l’envoie, on le sirote, on le vide lentement ou cul sec, on l’absorbe, on l’avale, on le descend, on le lampe, on peut en avoir un dans le nez si les précédents ont été nombreux. On le lève, on l’offre, on le paye. Certains se noient dans un verre d'eau, mais il faut de l’alcool pour noyer son chagrin.

Quart : Gobelet d’un quart de litre utilisé dans l’armée et chez les scouts.


Tasse : Petit récipient pourvu d’une anse, servant à boire.

Timbale : Gobelet en métal.

Note 1 : L 'on objectera que certains ne se gênent pas pour boire directement à la bouteille (on dit populairement qu’ils la sifflent), à la carafe, voire à la bonbonne pour les plus goulus, mais ces contenants  n’en demeurent pas moins des récipients pour le transport malgré ces quelques déviances.

Note 2 :Le verre à moutarde pourrait être une exception, mais il est couramment utilisé pour boire une fois vidé de son contenu initial.

Note 3 : Certains contenants non cités dans cette rubrique parce que peu ou plus usités sont susceptibles de faire office de verre même s’ils n’en sont pas à priori : la jatte dans l’expression « se jeter une jatte », l’arrosoir dans l’expression « s’envoyer un coup d’arrosoir », le pot dans l’expression « boire un pot », le calice dans l’expression « boire le calice jusqu’à la lie », etc.

11.2 Les volumes

Ils dépendent souvent des précédents, mais aussi du pifomètre personnel du manipulateur, ou encore de l’anatomie du consommateur : verticalité du gosier, agilité du coude, appétence ordinaire, extraordinaire ou visuelle 4 … Ils sont principalement utilisés pour les boissons alcoolisées.

Cependant, rien n’interdit de boire de l’eau.

Bain : unité de très grande quantité d’alcool bue dans l’expression « prendre un bain ». Volume supérieur à la soupe* déjà inchiffrable et excessif. Le bain aboutit fréquemment à un état comateux.

Canon : unité de mesure équivalent à 1/16ème de litre. Verre de vin dans l’expression « boire un canon de rouge » et, par métonymie le vin lui-même. Mais le mot peut désigner tout autre alcool : « Il boit des canons, pour oublier qu’il dit ».


Chicoulon : en provençal, c’est le petit coup que l’on boit : « Allez, va, le dernier chicoulon ! ». Unité universelle à l’usage de tous les contenants et liquides.

Chouïa : mot d'arabe populaire qui signifie « peu » et assimilable au volume peu*. Très utilisé pour définir une quantité pifométrique, il l’est, dans le domaine des liquides, presque exclusivement en fin de repas sous la forme : « Je reprendrais bien un chouïa de café », ou encore accompagné de son multiple petit : « J'en reprendrai bien un p'tit chouïa, de ton Calva ». On notera que le chouïa (volume), contrairement au chouïa (quantité en cuisine), vient en complément d’une action antérieure qu’il bisse. Le chouïa est donc l’exact équivalent du volume précédemment consommé et la norme admise dans l’appréciation du « petit goût de revenez-y ».

Coup : voir « trait » dans les expressions « boire d’un coup », « boire à grands coups » ou « boire à petits coups ». Ne pas confondre avec « boire un coup » qui n’a qu’une valeur quantitative et non pas volumique.


Dé à coudre : Le terme désigne ironiquement tout contenant ordinaire ridiculement petit au goût du consommateur (on parle également d’échantillon*). Il est de ce fait considéré comme un volume.
– Tu as pris l’apéro chez Marcel ?
– Tu parles d’un apéro ! Il m’a servi un dé à coudre de whisky, j’ai même pas senti le goût.

Doigt : unité ambiguë puisque unité de longueur à l'origine, elle se transforme en volume dans des expressions comme : « Je prendrai bien deux doigts de gin ». Cette unité est très floue dans le langage pifométrique. Elle fait allusion à l’épaisseur d’un doigt. Cette dimension, fort variable selon que l’on est bucheron ou violoniste, l’est d’autant plus que l’esprit du consommateur est à la ripaille ou non. Revenons à notre exemple :
– Je prendrai bien deux doigts de gin.
– C’est ça, on va trinquer.

– Stop ! Stop ! Stop !... Si je souffle dans le ballon, c’est moi qui vais trinquer…
La réaction vive de l’invité nous démontre que : deux doigts, c’est deux doigts, il n’y a pas plus précis. Pourtant, voyons un jour où notre courageux expérimentateur est dans un autre état d’esprit :
– Je prendrai bien deux doigts de gin.
– C’est ça, on va trinquer.
– C’est des doigts de fillette, ça ! Vas-y donc, tant qu’y a de la place… Ce soir, c’est la fête !
Le doigt s’est épaissi sans que l’on ait employé de multiple. Bien malin qui définira le volume du doigt.


Dose : déjà étudiée quand associée à des valeurs humaines (dose de patience), la dose est l’unité de volume par excellence. Tout est affaire de dose dans la posologie des liquides. Nous ne parlerons évidemment pas des doses calibrées, en cl, des bistrotiers puisque là n’est pas notre propos, mais des doses pifométriques que chacun d’entre nous manipule avec plus ou moins de bonheur. Je ne saurais trop conseiller la fabrication de cocktails, qui est un excellent exercice pour se familiariser avec la dose. Il en existe des milliers facilement accessibles sur la toile et la simple confection d’un cocktail nouveau par jour donnera rapidement ses fruits et une aisance remarquable dans le geste du dosage, aisance que vous envierons vos amis. La dégustation est évidemment obligatoire pour permettre de vous améliorer. Sinon, il est facile de s’entraîner sur un alcool basique tel que le whisky. La dose idéale est celle qui vous convient en propre. Les multiples : la « bonne dose » est un peu* supérieure à la dose ; la « double-dose » n’a rien de sorcier puisqu’elle double tout simplement; la « dose de cow-boy » est encore supérieure, c’est la dose qui vous fait tousser.

Échantillon : désigne une trop petite dose*, appréciation subjective impropre à définir un volume précis.

Giclée : se dit d'un liquide qui gicle : de l’encre dans les procédés d’imprimerie, de l’huile en mécanique, un alcool en cuisine, du sperme en pornographie… Dans le domaine qui nous préoccupe, on s’enverra volontiers une giclée de rhum derrière la cravate. Le geste est rapide, il implique une certaine vivacité dans le mouvement et se rapproche par conséquent du trait* auquel on peut se reporter pour juger du volume ingurgité. Les multiples « bonne », « vieille », « sacrée » sont utilisés sans pour autant augmenter considérablement le volume et marquent davantage le contentement que l’importance de la dose.


Gorgeon : ce terme vieillot est encore utilisé dans certaines administrations. Il exprime le volume que l'on a dans la gorge et signifie un petit coup à boire, en général de vin. Notre expérience personnelle nous a montré que le gorgeon se boit d’un trait*, et l’opération se renouvelle à intervalles réguliers tout au long de la journée.
C’est l’heure ! Je vais prendre un petit gorgeon et je reviens.
– Prends ton temps, on n’est pas débordé.


Goutte : la goutte est la petite quantité de liquide qui se détache sous forme sphérique d’un nuage, d’un vieux robinet ou du bord d’un flacon incliné. La plus grosse goutte est tout à fait insuffisante à assouvir les besoins humains. Cette unité est donc largement surestimée chez nos congénères qui la réclament : « Sers-moi une goutte de ton nectar, que je me fasse une idée ». Et il y a pire : la « petite » goutte ! À expérimenter lors de prochaines agapes : servez donc à l’aide d’un compte-gouttes la dose quémandée par votre invité et attendez la réaction. Évitez de tester sur vos amis.

Guindal : terme ancien tombé en désuétude, il n’est évoqué ici que pour mémoire et parfaitement décrit dans le chapitre des unités de la pifométrie gastronomique.

Lampée : dose de liquide que l’on peut avaler en une seule déglutition, soit d’un trait.  Cette unité est par conséquent équivalente au gorgeon* et au trait*. Multiple : bonne, « J'ai bu une bonne lampée de gnôle. »
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Larigot : l’origine de l'expression "boire à tire larigot" est très controversée. Pour les uns, le larigot est une déformation du nom de la Rigault, cloche de la cathédrale de Rouen, très dure à mettre en branle en raison de ses dix tonnes. Les sonneurs, assoiffés par l’effort, buvaient beaucoup. Pour les autres, le verbe « tirer » (sortir un liquide de son contenant) est associé au « larigot », petite flûte du XVème siècle, d’où l’incitation à faire sortir le vin des bouteilles comme le son sort de l’instrument. Quoiqu’il en soit, l’expression signifie boire en grande quantité. On peut la rapprocher, avec précautions, de la soupe* qui pourrait être son antique équivalent.

Larme : on peut affirmer de la larme qu’elle est synonyme de la goutte*.

Lichette : unité de petite quantité d’aliment et, donc, indissociable de la gastronomie. Utilisée également pour désigner une petite quantité de boisson, en général du vin.

Nuage : unité anglo-saxonne employée pour le traditionnel « Five o’clock tea » dans l’expression « un nuage de lait », adoptée par la bourgeoisie française précieuse, puis pastichée jusqu’à en devenir populaire. Le nuage définit l’infime quantité de lait que l’on va incorporer à une tasse d’eau chaude, ce qui a pour effet de la troubler sans y rajouter une quelconque saveur. La propagation inexplicable de cette boisson insipide chez les frenchies buveurs de pinard est un mystère et il n’y a que l’esprit farfelu d’un anglais 5 pour songer à mettre un nuage dans sa tasse. Quoiqu’il en soit, le nuage est une unité pifométrique de volume équivalente à presque rien. Elle peut être avantageusement remplacée par le soupçon* ou la goutte*.


Peu : unité de petite quantité employée dans les mêmes conditions de variabilité que la goutte* ou le doigt*, surtout lorsque accolé à son multiple « bon » : « Donnez-moi un bon peu de ce muscat, il est trop bon ! ». Peu est cependant beaucoup moins variable lorsque associé à son autre multiple « petit ». Le « petit peu » n’attend pas de dépassement. Il est le volume étalon des malades, diabétiques, suiveurs de régime, antialcooliques, et autres mal-fichus qui trinquent uniquement par solidarité. Il se rapproche à ce moment là davantage de la larme* ou du soupçon* : « Je prendrai un petit peu de ce muscat, pour vous faire plaisir… ».

Plein : unité identique à la rasade*, servant au remplissage complet d’un contenant : verre, réservoir, cuve. Comme précisé en préambule, nous nous limiterons au plein buvable soit celui du verre, sachant que si le volume du plein varie du verre à la citerne, la notion reste identique. Il faut savoir que :
a.    on ne peut remplir que ce qui est vide ou en partie vide,
b.    le plein ne peut excéder la valeur du contenant.
Les multiples bon et petit fréquemment utilisés pour le remplissage des grands contenants où prédomine le soucis économique, sont en revanche plus difficile à observer dans le domaine courant :

– Eh, Jules, refais-moi le plein avant que je me déshydrate !
– Et un bon plein, ça marche ! Sans faux col 6 !
Lorsque le verre déborde, le plein est dit « bon », ce que l’on ne peut pas se permettre avec un réservoir de voiture, au prix actuel de l’essence.
– Eh, Jules, encore un plein s’il te plait… Oh ! C’est un petit plein, ça ! Y a encore de la place !
– Ouais ! Moi, ce qui m’étonne c’est que ton ventre il en ait encore, de la place!


Rasade : quantité de boisson qui remplit un verre à ras, équivalent du plein*. Multiple : grande. On notera que :
a.    le volume de la rasade « R » dépend essentiellement du verre,
b.    le multiple grande « G » ne change rien au volume puisque le verre ne peut pas contenir davantage qu’une rasade. Donc G = 1.
Conclusion : R = GR = le volume du contenant.


Soupçon : volume minime, équivalent au peu*, une goutte*, un nuage*.

Soupe : unité de quantité excessive d’alcool. On la trouve surtout utilisée au lendemain des férias, fêtes de la vendange, fêtes de la bière    … Elle synthétise un nombre considérable et difficilement estimable de verres ingurgités lors de ces agapes : « Hier, je me suis fait une soupe de Ricard, j’ai encore du mal à y voir clair ». Ce volume est totalement mystérieux, découlant de variables multiples et inconnues : nombre de verres, volume des verres, durée de la libation, morphologie du buveur, tenue à l’alcool…

Tasse : évoquée dans les contenants, la tasse ne pose pas de problème si l’on se contente de boire ce qui se trouve à l’intérieur, généralement du café. Mais la tasse devient volume lorsqu’on la boit. Volume important puisque « boire la tasse » peut entrainer la mort par noyade. On pourrait penser qu’il s’agit là d’un multiple du bain*, que nenni ! « Prendre un bain » d’un breuvage quelconque se prolonge dans le temps sur une durée de plusieurs heures à plusieurs jours. Or la tasse se boit d’un coup* et le volume est maintes fois supérieur à ce que peut avaler un gosier normal dans ce laps de temps, d’où risque de noyade. De plus, on boit ordinairement la tasse en immersion dans de l’eau. Quelle horreur !

Tiers, dit « le tiers de César » : que l’on pourrait nommer aussi « tiers de bistrot », en équivalence à la minute de coiffeur. Mais nous préférons rendre à César ce qui lui appartient.
Comme la minute, le tiers est variable. Voyons-en les déclinaisons :

Le « petit » tiers (pT), forcément inférieur au tiers mathématique (TM) puisque « petit ». Avec le réducteur « tout », il devient très inférieur au TM. Nous pouvons donc écrire : 0 < tpT < pT < TM = 0,333

Le « un peu plus gros tiers » défini par rapport au « tout petit tiers » est une nouvelle variable qui s’intercale ainsi : 0 < tpT < tp+T < pT < TM = 0,333

Le « bon » tiers (bT) est, par définition, supérieur au TM, d’où : bT > TM

Le « grand » tiers (gT) enfin, beaucoup plus grand que le « bon », sans cependant égaler la moitié mathématique (MM), car l’on peut supposer que César, malgré ses faiblesses scolaires, ne peut méconnaître le demi verre dans le cadre de sa profession : 0,500 = MM > gT > bT > TM

Or, César nous donne l’équation : tpT + tp+T + bT + gT = 1

Si    bT > TM et gT > TM
Alors :     bT + gT > 2 TM = 0,666
et donc : tpT + tp+T < TM = 0,333

Pour que les tiers soient significativement différents (n’oublions pas que César et Marius n’ont aucun système de mesure hormis leur pifomètre individuel), il faut que leurs valeurs soient visiblement inégales. On peut donc affirmer que, à vue de nez :
tpT + tp+T ≅ 0,150 – 0,200 et  bT + gT ≅ 0,800 – 0,850
donc, grosso modo, on obtient :
tpT  ≅ 0,050, tp+T  ≅ 0,100, bT  ≅ 0,400 et gT  ≅ 0,450

Que nous transformerons en unités de longueur, pour plus de clarté. Soit un verre ordinaire de bistrot mesurant en moyenne 13 cm de hauteur. Si l’on excepte un col jamais utilisé de 3 cm, il nous reste un contenant utile de 10 cm, ce qui nous facilitera la conversion :


Curaçao =  tpT  ≅ 0,5 cm, Citron = tp+T  ≅ 1 cm, Eau = gT  ≅ 4,5 cm,Picon = bT  ≅ 4 cm Voilà comment on fait un bon picon-citron-curaçao.

Le même raisonnement pourra être utilisé pour définir le quart ou la moitié pifométrique selon la progression maintenant connue :

0 < tpQ < tp+Q < pQ < QM < bQ < gQ < pM < MM < bM < gM < 1

Trait : il existe deux valeurs pour cette unité, selon qu’on l’utilise en cuisine sous la forme « un trait de rhum », ou en apérologie. La question gastronomique ayant déjà été traitée , nous nous limiterons à la seconde. Le trait (ou coup) s’utilise dans l’expression « boire d’un trait » pour caractériser l'action de boire en une seule fois . La notion de volume est peu précise car elle dépend essentiellement du gosier récepteur. Il ne s’agit pas d’apprécier la qualité gustative du liquide mais de l’avaler rapidement. A ce jeu là, certains peuvent s’enfiler un godet sans sourciller tandis que d’autres s’étrangleront avec un dé à coudre. Nous pouvons néanmoins déduire par simple expérience sur un gosier ordinaire que la moyenne volumique du trait est de l’ordre de 5 à 7 cl, et par là-même du gorgeon précédemment étudié. Les multiples et sous-multiples sont : petit, grand, long. On boira lentement « à longs traits » ou « à petits traits » selon que l’on savoure ce que l'on boit, ou « à grands traits » si l’on est avide.

Note 4Allusion à ceux qui ont les yeux plus gros que le ventre.
Note 5 : Ou d'un surréaliste belge tel que Magritte.
Note 6 : Le « faux col » n’est pas un volume mais désigne ce qu’il manque au verre pour être plein.
Note 7 : Trait de rhum : « action lente et continue dévoilant une traînée du plus bel effet. »
Note 8 : On dit aussi « cul sec », mais ce terme imagé n’est pas un volume.

11.3 Le graphique

Le graphique ci-dessous nous a paru indispensable à la parfaite visualisation des particularités élastiques des volumes pifométriques, sachant que l’unité étalon correspond au verre ordinaire = 1. Ce verre est segmenté en dixièmes (selon la méthode précédemment adoptée pour le tiers*) ou multiplié selon que les valeurs sont petites ou grandes. Les écarts mini et maxi devenus visuellement perceptibles, il suffira au puriste de tracer une courbe moyenne afin d’appréhender fort correctement le volume recherché.

graphique



11.4 Conclusion

    Toutes les occasions sont bonnes pour boire. Le ministre de la santé nous exhorte à veiller sur une bonne et régulière hydratation. Pour ce faire, certaines compétences sont indispensables à notre harmonieuse évolution en communauté.
    Cette étude, nous l’espérons, y pourvoira. Nous ne serions cependant pas clore ce dossier sans donner une méthode de savoir-vivre à employer en compagnie et susceptible de gommer les différences sociales autour d’un bon verre.

11.4.1 On n’hésitera pas à « se rincer la dalle » pour « arroser » le B.E.P.C. du petit Calepin9, en évitant toutefois de « boire comme un trou ». On peut « lever le coude » et « s’arroser le gosier » sans pour autant « se pochtronner ».
11.4.2 Bien boire, c’est « se rincer le cornet » avec modération, éviter le « cul sec » peu élégant et ne pas « s’en mettre plein la lampe » comme un gros dégoûtant. On se « rincera la gueule » avec distinction si on ne « torche » pas toutes les bouteilles et en « basculant son verre » délicatement.

11.4.3 Surtout, on ne ricanera pas sur le sort des buveurs de flotte qui, paraît-il, « risquent d’avoir du cresson aux fesses ».
11.4.4. Si l’on a « une bonne pente », on l’assumera sans pour autant s’en flatter.
11.4.5 Une fois « dessoiffé », la « cornemuse bien rincée », on évitera de « s’en aller sur une jambe » en prenant discrètement le « coup de l’étrier ».
11.4.6 Ainsi, l’on quittera la compagnie, droit comme un I en lui souhaitant un vaillant :
Note 9 : Le fils du boulanger.
« À votre santé, M’sieurs dames ! »

12) UNITÉS DIVERSES : Un certain nombre d'unités ne soulèvent pas de difficulté et il suffit de les mentionner.

  • Unité de force, "le coup", exemple "pousse un coup".
  • Unité de travail pour les enfants, le "peu quoi", exemple "travaille un peu quoi".
  • Unité d'énergie cinétique, toujours à usage des enfants, mais entre eux cette fois, "la raclée".
  • Unité de quantité d'électricité, "la châtaigne".

 

13) GRANDEURS SANS UNITÉS :

Certaines grandeurs n'ont pas d'unité de mesure car leur existence même est mise en doute, ce sont :

  • La surface : on parle toujours de surface corrigée.
  • L'angle plat, la pifométrie considérait bien l'usage du coin, mais compte tenu du fait que nul n'hésite à écarter ce qu'il n'aime pas sur le coin de son assiette, il est apparu que l'angle n'est qu'une grandeur légendaire utilisée pour la commodité de la conversation mondaine.
  • Le viron, comme son nom l'indique, est une unité de mesure d'arrondi et le système de calcul basé sur cette mesure s'appelle l'environnement.
  • Ce système a failli disparaître mais maintenant un ministère lui est totalement dédié.
  • TABLE DE CONVERSION NON EXHAUSTIVE.
  • Une douzaine d'oeufs en virons donne entre 11,5 et 12,5 oeufs.
  • Habiter dans les en virons : entre 5 et 10 kilomètres du lieu où l'on se trouve.
  • Si une femme pèse en virons 55 kg : son poids se situe entre 60 et 65 kg

 

14) UNITÉS PHILOSOPHIQUES :

D'après le philosophe Belge Abuzin il apparaît qu'il y a des implications de la pifométrie en philosophie où la démonstration d'une thèse passe souvent par l'utilisation de la référence indéniable à des propos d'illustres inconnus.

On pense en particulier aux expressions suivantes :

  • "à mon avis" qui est moins implacable que "à mon humble avis" qui s'écrit AMHA sur internet.
  • "Personnellement, je crois que" qui est une invitation expresse à se rallier au panache blanc de la pensée du penseur, qui peut, bien entendu, être infirmier mais que l'on qualifiera alors de panseur-penseur, mais ce n'est pas obligatoire.
  • "Je pense donc je suis" qui implique, par dégât collatéral, que "si il pense, nous suivons" ou "je pense donc je pue" qui est dû qu'à un excès de sudation suite à une réflexion intense.

 

15) UNITÉS D'ABSURDITÉ :

Un truc totalement absurde, un peu absurde, etc... ça se mesure! Seule la Pifométrie est en mesure de quantifier le degré d'absurdité d'un évènement, d'une situation ou d'une déclaration.

Tout le monde connait l'expression "ça vaut son pesant de cacahuètes" pour parler d'une phrase à la fois absurde et amusante ou l'expression "c'est con comme une valise sans poignée" pour caractériser une fonction réellement mal fichue.

On a vu naitre dans le domaine politique des expressions qui se rapportent à leur auteur (comme les "bushismes" ou les "raffarinades") mais ces mots ne constituent pas des unités d'absurdité en particulier.

On peut facilement dire une "connerie" (et c'est doublement pifométrique puisque ça dépend de qui l'a dite et de qui l'écoute)

On peut aussi faire une "connerie", et là c'est pifométrique car on ne peut pas savoir si ça nuit à soi-même ou à un autre, ni même en quelle quantité c'est nuisible...

 

16) OUTILS POUR LES MESURES PIFOMÉTRIQUES :

La liste des outils de mesure utilisés par les Pifométriciens est en cours d'élaboration, on retiendra de prime abord le compas dans l'oeil ou la mesure dans l'oeil.


Appel aux contributions :

Vous l'avez compris si vous avez lu jusqu'ici, la pifométrie, bien qu'ancienne et universelle reste largement incomprise par nos contemporains.

Nous recherchons des maîtres assistants et des conférenciers qui pourraient, en nous faisant part de leur expérience personnelle permettre à la science de faire un grand bon en avant.

Les courriers adressés à l'ENSIP et apportant une contribution au développement de la science pifométrique sont consultables en ligne sur la FAQ de l'ENSIP.

Les apports ainsi fournis seront régulièrement incorporés au corpus pifométrique.

Notre école est habilitée à délivrer des diplômes d'Ingénieur-Docteur en Pifométrie.

Je vous invite donc à fréquenter notre école et à envoyer vos contributions à l'attention de M. le directeur de l'ENSIP.