ARCHIVES DES HUNES 2015 DE l'ENSIPif

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La Hune du 3 février 2015   

    Antoine-Laurent de LAVOISIER devrait se retourner dans sa tombe s’il pouvait voir ce qu’il advient du « grave »  (clin d’œil aux Anglo-saxons), l’unité de masse du système métrique qu’il avait définie en 1793 quelque temps avant d’être guillotiné le 8 mai 1794. Lavoisier ayant été raccourci, Lefèvre-Gineau a fait adopter en 1799 sous le nom de kilogramme, une nouvelle unité de masse équivalente au grave à un chouïa près.

    Le grave (symbole G) a été édicté par le décret de l'Assemblée du 1er août 1793, et défini comme « le poids d’un décimètre cube d’eau pure à 4 °C (maximum de masse volumique) ».
Le grave valait donc environ un kilogramme lorsque qu’il était utilisé comme mesure de masse, ou environ 9,8 Newtons lorsque était utilisé comme mesure de force (le poids étant la force due à l’accélération de la pesanteur, même les non Pifométriciens savent ça).
En unités de l’époque, le grave valait « 18 841 grains du marc de la Pile de Charlemagne ».
    La pile de Charlemagne, ou pile à godets, est un ensemble de poids de balance conçu pour qu’ils s’empilent, soit pendant leur emploi, soit rangés, chaque poids prenant place, entièrement ou en partie, dans un poids de masse supérieure, à la manière d’une poupée russe.
    Enfin la loi du 10 décembre 1799 définit le kilogramme par un cylindre en platine « matérialisant » la masse du décimètre cube d’eau.

Le kilogramme est la dernière unité du système international de mesures définie par un objet matériel.
    Un cylindre de 39 millimètres de diamètre et de hauteur composé de 90% de platine et de 10% d’iridium conservé sous sa cloche de verre dans un coffre-fort du Bureau international des poids et mesures, au Pavillon de Breteuil à Sèvres, près de Paris.
    On sait aujourd’hui que ce cylindre de métal n’est plus stable, sa masse varie d’environ 0,5 microgramme par an par rapport aux copies de référence.
    La surface de ce cylindre a pu accumuler avec le temps des impuretés, qui faussent la comparaison avec ses 40 répliques disséminées à travers le monde, lesquelles sont soumises aux mêmes aléas du temps et de la pollution.
    À la fin des années 1980, des chercheurs avaient noté que l'étalon de Paris pèserait environ 50 microgrammes (millionièmes de gramme) de moins que la moyenne de ses copies, fabriquées à la même époque.
    L’objectif est de redéfinir le kilogramme en s’appuyant sur des constantes fondamentales de la physique. C’est ainsi que le mètre est désormais défini comme la distance parcourue par la lumière dans le vide en un temps donné (1/299792458 s). La seconde elle-même a été finie par rapport à une propriété de l’atome de césium 133.

    Pour le kilogramme, deux constantes sont en concurrence : le nombre d’Avogadro, qui correspond au nombre d’atomes contenus dans une quantité donnée de matière ; la constante de Planck, utilisée en physique quantique, qui relie l’énergie et la fréquence d’une particule.

    Pour le nombre d’Avogadro, l’expérience en cours à laquelle participent des chercheurs français du BIPM, consiste à compter le nombre d’atomes contenu par une sphère de silicium très pur. Pour améliorer la finesse de leurs résultats, l’équipe coordonnée par l’Allemand Peter Becker a fait fabriquer une nouvelle sphère contenant à 99,99% le même isotope naturel de silicium (Si-28).

À l’aide de l’interférométrie laser et des rayons X, les chercheurs vérifient la répartition des atomes et la distance qui les sépare.
    Cette équipe est parvenue à calculer le nombre d’Avogadro avec une incertitude de 3x10-8 mais pour satisfaire aux exigences du Comité international des poids et mesures (CIPM), il leur faut atteindre 2x10-8.

    Pour la constante de Planck, les chercheurs utilisent une «balance du watt» pour calculer la force électromagnétique qui équilibre une force mécanique (celle d’un kilogramme en l’occurrence).

    Les deux méthodes donnent des définitions légèrement différentes du kilogramme, contrairement aux attentes du CIPM. Le 24e congrès (2011) du CPIM avait acté le principe d'une redéfinition du kilogramme en relation avec la constante de Planck mais le 25e congrès (2015) vient juste de décider de ne rien décider avant le 26e congrès de 2018.

   Quel suspense, aussi, pour patienter en attendant le 26e congrès de 2018, les Pifométriciens anxieux et anglophiles prendront du plaisir à regarder cette vidéo de onze minutes qui retrace avec humour toute la saga du kilogramme depuis le grave de Lavoisier jusqu'à la sphère étalon matérialisant le nombre d'Avogadro.



La Hune du 2 mars 2015 : Le cheval dans tous ses états.

    C'est parti pour un essai fumeux de calculs savants sur les mérites comparés de la traction animale vs la traction par moteur thermique :

En reprenant les données d’Yves Cochet (Pétrole Apocalypse, chez Fayard), un litre d’essence ou de gazole représente à peu près 10 000 kcal, soit 41,85 MJ (mégajoules).
Un moteur à essence a un rendement d'environ 20 %, il est donc est apte à transformer ce litre de carburant en 2,3 kWh de puissance mécanique soit environ 8,3MJ ou 2000 kcal.

Ceci étant posé, prenons un cheval de 800 kg, dont il est admis qu’il est capable d'exercer une force de traction de 1000 N (Newtons) sur une durée de 10 heures par jour (12 à 15% de son poids pour un cheval,10 à 12% pour un bœuf).
Posons le principe que le cheval travaille à une vitesse moyenne de 1m/s, soit 3,6 km/h.
On a donc 1000 watts pendant dix heures, ce qui nous donne 36 mégajoules ou 8600 kcal par jour disponibles en traction.

Il nous reste à évaluer l’énergie qu’il faut fournir au cheval pour obtenir de lui l’énergie de traction de 36 mégajoules (ou 8600 kcal) par jour.

Un document du GRET fournit des indications pour un bœuf jusqu’à 500 kg et sans vouloir sauter du coq à l'âne on pourra facilement adapter le raisonnement au cheval.
En additionnant les besoins d’entretien et les besoins liés au travail pour un tel animal, le tableau indique une énergie nécessaire de 9,5 UF(unité fourragère, correspondant à l’énergie fournie par un kg d’orge de référence), soit 3,8 UF pour l’entretien et 5,7 UF pour le travail.

Pour un cheval de 800 kg dont on veut utiliser la force de traction pendant 10 heures dans une journée, il faut savoir qu'il va manger à peu près la production d’1,5 ha, ce qui représente environ 2500 UF (1700 UF/ha) s’il s’agit d’herbe ou de foin, soit une moyenne journalière de consommation de 7 UF/jour.
Il mange 15 kg de foin de bonne qualité en régime d’entretien sans travailler, ou encore 15 à 20 kg de foin et 5 à 8 kg d’orge ou d’avoine en situation de travail intensif.
Mais il faut savoir que le cheval mange tous les jours, même si on n'a aucun travail à lui demander.
Il consomme alors l’équivalent de la ration d’entretien.

En résumé, il est possible d’avancer qu’un cheval de 800 kg qui travaille intensivement a besoin de 10 à 20 UF/jour, valeur à retranscrire en joules.
Une UFC (Unité Fourragère Cheval) correspond à 2200 kcal, ce qui donne avec les chiffres donnés plus haut, 22 000 à 44 000 kcal d’énergie nette.
L’énergie nette correspond à l'énergie brute alimentaire ingérée diminuée des pertes par le crottin, les urines et la dépense calorique.

Il est donc possible de récupérer 8600 kcal d’énergie de traction en ayant fourni 44 000 kcal, ce qui donne un rendement de 20% environ, à comparer aux 20 % de notre moteur à essence.

N'oubliez pas que le cheval ne consomme pas d’énergie fossile, mais une énergie essentiellement renouvelable, à base d’herbe, de fourrages grossiers et de céréales.
Dans beaucoup de situations, cette alimentation peut souvent être produite sur place sans énergie cachée incluse, sous forme de transport, ou de préparation industrielle énergivore.

Et la conclusion de tout ça me direz vous ?
Et bien la conclusion c'est que tous les chevaux, qu'ils soient quadrupèdes ou à vapeur, ont le même rendement énergétique.


La Hune du 12 avril 2015 par JP Loupp :

Malgré d'intensives recherches, je n'ai pu trouver qu'un multiple de la cuiller.

J'ai constaté qu'elle pouvait être rase, mais c'est tout...
Or il existe un autre multiple de la cuiller, pourtant très utilisé, c'est la cuiller bombée.

Réponse de l'ENSIPif :

La cuiller, ou cuillère, du bas latin cochlearium, de cochlear, instrument pointu pour manger les escargots, n'est effectivement pas répertoriée dans le cursus des unités pifométriques.

Pour le Larousse, la cuiller ou cuillère est un ustensile de table ou de cuisine composé d'un manche et d'une partie creuse servant à prélever ou remuer des aliments liquides ou peu consistants.
Le Larousse ajoute même une piste quand à la définition du volume qu'elle contient en précisant que cette unité non définie est une cuillerée.
Les militaires savent par ailleurs que le bouchon allumeur d'une grenade à main possède une cuillère de déclenchement et dans ce cas de figure la cuillère ne définira plus une unité de volume, mais une unité de temps.

Les anciens servants de messe ont le souvenir de la cuiller qui était utilisée en liturgie pour communier sous l'espèce du vin ou qui servait à prendre l'encens dans la navette lors des grands-messes pontificales.

Dans un grand nombre de professions la cuiller est une sorte d'outillage de forme creuse et qui sert soit à puiser dans un récipient contenant des matières pâteuses ou liquides (cuiller de fondeur, de plombier, cuiller de coulée, etc.), soit à creuser le bois, le sol, etc. (cuiller de sabotier, cuiller à moyeux, etc.).

Et enfin, chez les pêcheurs à la ligne, la cuiller est un engin généralement métallique, comportant une palette montée sur une tige métallique de façon à tourner dans l'eau pour attirer les poissons carnassiers.

On voit donc que la tâche consistant à définir les multiples et sous multiples de l'unité de mesure "cuiller" ne va pas être une tâche facile eu égard à la grande diversité de ses champs d'application


La Hune du 15 aôut 2015

JP Loupp ingénieur pifométricien de la promotion 2006 nous signale une unité de dénombrement qui n'a pas été répertoriée dans le cursus pifométrique :

Je suis allé récemment
- à un spectacle
-à une manif
- à une réunion
- à un mariage
- à la messe
- etc.
Il y avait 2 pelés et (1,2,3) tondu(s).
Cette unité à multiples facettes n'a pas encore été répertoriée, à ma connaissance.

Analyse :
Après vérification il appert que cette unité de dénombrement ignorée par l'ENSIPif a déjà été étudiée et le site expressio.fr nous en dévoile l'origine.
Citation :

Expression : Trois (quatre) pelés et un tondu

Origine
Cette expression contient deux informations sur lesquelles il faut se pencher : le nombre de personnes est très réduit et ces personnes sont sans intérêt.

Pour ce qui est du nombre, la compréhension est facile : trois plus un font quatre, ce qui est très peu pour un endroit ou une réunion où l'on s'attend à trouver du monde.

Mais pourquoi ce dédain pour les pelés et le tondu ?

Avant d'avancer dans l'explication, il est bon de savoir que Rabelais, au XVIe siècle, utilisait "trois teigneux et un pelé" et que, si notre expression est apparue à la fin du XVIIIe, on utilisait aussi avant "trois tondus et un pelé", donc toujours des gens mal considérés.

En ancien français, un pelé est, dans un sens métaphorique péjoratif, un avare, une canaille, un miséreux, c'est-à-dire quelqu'un de peu fréquentable.

A ces sens, il faut aussi ajouter plus tard celui qui est pelé parce qu'atteint de 'pelade', affection du cuir chevelu faisant craindre aux autres, à tort, un risque de contamination.
Quant au tondu, s'il l'était, c'est parce qu'il avait la teigne, dermatose parasitaire du cuir chevelu (d'où les 'teigneux' de Rabelais).

Nous avons donc affaire ici à des gens qui étaient considérés comme malsains ou malpropres et ce sont eux qui ont été choisis autrefois pour, dans notre expression, désigner des personnes sans intérêt, à éviter.
Mais l'histoire ne dit pas pourquoi ce sont ceux-là et pas d'autres comme les pestiférés, les cholériques ou, plus simplement, les pouilleux ou autres 'morpionneux' qui ont été retenus.