La
Hune du 16 janvier 2012 : le décalage pendulaire.
Les
étudiants de Cambridge ont construit un dispositif avec une série de 15
pendules en ligne, chacun légèrement plus long que son voisin, ils les
ont ensuite mis en mouvement et ont filmé le résultat.
Cliquez sur l'image ci-dessus pour admirer le mouvement obtenu.
La Hune du premier avril 2012 : La mort du système métrique par Guy BRENIER, chercheur émérite en pifométrie appliquée aux domaines de l'aéronautique qui a publié cette étude sur le forum Crash aérien aéro.
Le système métrique se meurt
Dans
le cadre des restrictions budgétaires conduisant au non remplacement
des postes de fonctionnaires, notre vibrionnant Président s’est penché
sur le problème du système métrique qui oblige à des conversions avec
les mesures anglo-saxonnes, système jugé trop contraignant par la
Commission constituée pour en débattre, laquelle a décidé qu’à compter
de 2014, le système pifométrique y sera substitué.
Unités d'estimation et d'ajustage :
Au pif : Unité d'estimation
permettant une approximation des grandeurs, des valeurs ou des
attitudes : Au pif, ça fait deux kilomètres.
À vue de nez : Unité dérivée de la précédente : À vue de nez, je dirais 30°.
À la louche : Unité définissant à la
fois les fromages moulés industriels et une quantité mesurable par
excès : À la louche, ça représente une heure trente de vol.
Le cheval près : Unité d'estimation
grossière, indiquant que la mesure effectuée eût mérité une plus grande
acuité : On n’est pas à un cheval près.
Le poil près : Unité d'estimation
fine, le plus souvent par défaut. Son sous-multiple est le quart de
poil près : Tu mesures ça sur la carte à un poil près.
La poussière : Unité d'ajustage de
haute précision. Compte tenu de son extrême finesse, est toujours
utilisée au pluriel pour affiner la mesure grossière d'une grandeur par
un système conventionnel : Quinze cents euro et des poussières.
La broutille : Unité moins fine que
la poussière. Elle est préconisée lorsque la mesure s’applique à un
sujet négligeable : Laisse tomber les broutilles.
Le pouce : Unité
d'ajustage indiquant que la mesure d'une grandeur par un système
conventionnel est donnée par défaut, et qu'il convient d'y apporter
plus de précision si l'on veut être sérieux : deux mètres cubes et le
pouce.
Unités de temps
Le bout de temps : Unité de temps
classique, employée aussi bien pour le passé que pour l'avenir. Les
multiples sont le bon bout de temps et le sacré bout de temps : Ça a
duré un bon bout de temps.
L'éternité : Unité considérée comme
synonyme du bout de temps mais qui ne s'applique que si ce dernier a
été ou sera vraiment difficilement supporté : Au taxiway, on a attendu
une éternité avant d’être libérés.
L'instant : Unité strictement
équivalente au bout de temps et à l'éternité, mais qui accorde à
l'intervalle mesuré un préjugé de décontraction, d'aisance et de
légèreté : Je vous demande juste un instant.
Le laps de temps : Unité qui tend à
se démocratiser. La certitude apaisante qu'elle induit par essence peut
être corrigée en lui associant l'adjectif "certain", ce qui,
paradoxalement, lui confère une certaine imprécision, voire une
imprécision certaine : Ça va demander un certain laps de temps.
Le bail : Unité s'appliquant toujours au temps passé, avec une connotation de longueur regrettable : Ça fait un bail que j’attends.
La paie : Unité équivalente au bail,
qui pourrait faire référence à la durée toujours trop longue qui
s'écoule entre deux versements de salaire. S'emploie dans les mêmes
conditions : Ça fait une paie qu’on t’a pas vu.
La minute : Unité de temps à venir,
utilisée pour une mesure a priori. Pour une mesure a posteriori, la
minute est qualifiée de coiffeur. Malgré ce que laisse supposer une
homonymie aussi fâcheuse que fortuite, cette unité n'a aucun rapport
avec la soixantième partie de l’heure. Ses sous-multiples sont la
petite minute et la seconde, mais ils n'apportent rien sur le plan de
la durée : Je vous demande juste une minute ou : j’en ai pour une
seconde et je suis à vous.
L'heure : Unité de temps passé ou à
venir, en général difficilement supporté et souvent subjectivement
amplifié. Les multiples et sous-multiples, la bonne heure et la petite
heure, n'apportent aucune information de durée supplémentaire mais
servent à nuancer le degré du désagrément subi : Ça ne demandera qu’une
petite heure ou : ça fait une bonne heure que je poireaute. J’ai choisi
ces deux exemples car, une petite heure, chez le concessionnaire
Renault, c’est au bas mot 85 minutes tandis que l’heure de poireau qui
vous est reprochée n’en fait guère plus de quarante.
On pourrait aussi traiter des distances, comme par le bout d’chemin, la trotte, le petit kilomètre.
On notera au passage que s’il existe des « petits kilomètres », il n’en
existe pas de grands, ils sont bons, jamais grands. Le bout d’ chemin
mérite qu’on s’y arrête.
Un p’tit bout d’ chemin laisse penser qu’il s’effectue à plusieurs
alors que le bon bout d’ chemin annonce une fatigue à surmonter. Le
méchant bout d’ chemin indique un risque d’embûches.
Quant au sacré bout d’ chemin, il donne une idée assez claire de
l’infini. Si l’on vous dit que c’est à deux pas du lieu où vous vous
trouvez, remplacez le mot pas par pâtés de maisons.
Le corolaire est valable pour le vélo : trois coups de pédale signifie souvent l’autre extrémité de la localité.
Lorsqu’on vous dit à vol d’oiseau, il est prudent de doubler la distance et de la tripler si l’on ajoute que la route serpente.
La portée de fusil, son multiple la portée de canon et son
sous-multiple la portée de lance-pierres se mesurent à l’oreille tandis
que pas bien loin, qui ne s’oppose pas à tout près, s’apprécient à
l’œil.
Lorsque vous dites que vous êtes à une demi-heure de voiture de votre
travail, précisez votre heure de prise de service et si l’on vous donne
une distance en précisant « environ », majorez carrément de 50 %.
La Hune du 11 avril 2012 (mise à jour du 22 avril) : Le point sur "le presque" par Maxime Bonnet1).
Pifomètricien amateur depuis sa naissance, Maxime Bonnet nous écrit
pour nous signaler qu'en oubliant "le presque" nous n'abordions pas une
dimension encore méconnue de la pifométrie : la pifométrie molle ! et
nous propose un exposé que nous avons grand plaisir à publier sous le
titre : Mais alors qu'en est-il du « presque » ?
Je suis certain que cette interrogation vous taraude
depuis le début de cette vaste entreprise qu'est la science
pifométrique. Ici sera évoquée une dimension particulièrement floue et
molle vous en conviendrez par la suite.
C'est un peu rude comme introduction, toutefois il
est nécessaire de bien définir le champ d'application par crainte de
passer à côté, au moins de ça [——————] pour bien vous situer.
L'emploi du « presque »
se caractérise par une affirmation particulièrement imprécise dénotant
une relative dénégation de l'échec, soucis similaire pour
l'accomplissement, dénommé également réussite, comme vous le verrez.
Afin d'illustrer parfaitement et à peu de chose près
cette démonstration, j'emploierai ci-dessous un exemple d'une banalité
affligeante et par conséquent probante, bien qu'il soit techniquement
possible d'en contester la valeur, il faut en convenir ou s'arrêter là,
ou à côté, mais pas trop loin.
Car, comme chacune et chacun le savent pertinemment
« point trop s'en faut », la sagesse populaire vous invite ici et non
pas là à rester proche afin de bien saisir ce concept, je serai même
tenté de déclarer : ce presque concept !
Voici l'exemple frappant, protégez-vous bien, le
risque de blessure est certain, en effet lors de ma précédente
intervention à Sion sur l'Océan en Vendée, une personne est tombée de
sa chaise, frappée par la force des mots, accrochez vous bien c'est
parti :
« J'y étais presque arrivé bordel ! »
Voilà, tout est dit ! Ce fut violent non ? Analysons maintenant la portée de ce coup.
Le sujet refuse d'admettre qu'il n'y soit tout
simplement pas arrivé. Serait-ce aussi simple ? Non bien entendu ! Et
vous m'entendez bien sur ce point, vous m'entendez bien ? Il est
nécessaire de bien s'entendre. Vous noterez là aussi une approximation
latente et bien heureuse dans l'emploi du « bien » qu'il nous faudra
aborder plus tard, permettant de consolider ce que j'ouvre ici : la
pifométrie molle, voire mollassonne.
Que tout ceci est mou me direz vous, là aussi j'en
conviens. Pour tout avouer, je suis effaré par l'accumulation de la
mollesse ambiante parsemée tout du long de cet exposé.
Autre exemple précisément adapté à la logistique, quelle soit amateur ou professionnelle : « Ça passe ? Presque ! »
Je pressens déjà les experts mathématiciens développés sommes calculs afin de quantifier le « presque ». Permettez-moi dès lors, chers amis de vous emboîter le pas.
Partons du principe que l'échec est le point zéro et la réussite le point absolu. Où se situe donc le « presque »
et peut il tenir plutôt de l'échec ou de la réussite. « plutôt » venant
s'en mêler, je ne vous raconte pas le foutoir ! Pour le coup, j'aurais
préféré qu'il reste à sa place celui-là ! À la niche « plutôt » !
Je vais donc réaliser une illustration sommaire et
parlante, enfin pour vos yeux, doutant de la possibilité qu'un tableau
puisse s'adresser directement à vous, quoique si en fait, n'oublions
pas que la pensée dépasse bien souvent les mots, alors je ne vous parle
même pas des images !!
[échec ----------------------- réussite]
Où plaçons-nous le « presque » sur cette ligne de
réalisation d'une action, ou d'une intention, le « presque »
fonctionnant tout aussi bien avec l'une que l'autre, voire plus ou
moins selon l'usage. Au milieu ? Trop facile, surtout qu'à main levée,
trouver le milieu serait aléatoirement approximatif, ce qui n'est pas
sans rappeler la démonstration pour situer la ville de Pétaouchnock sur
une map …
Vous êtes alors décidé à le placer soit vers
l'échec, soit vers la réussite, en fait on tend vers l'un ou l'autre
mais on n’y est pas dans tous les cas.
Frustrant ? C'est exactement la sensation qu'éprouve
le sujet : la frustration ! Nul besoin d'expliciter plus, démonstration
est faite que le « presque » ce n'est pas tout, mais ce n'est pas rien
non plus, c'est entre les deux, on est guère plus avancé.
Attention néanmoins : le « guère plus » étant un faux ami du « presque », pourquoi ? Eh bien parce que ! Voilà ...
À contrario, le «
presque » cohabite fort bien avec le « quasi » et le « quasiment »
comme nous pouvons le constater ici : « J'y suis presque arrivé ! Tu en es sûr et certain ? Quasiment ! »
L'association des
deux termes provoque non seulement une frustration molle en plus d'être
floue ! On y comprend plus rien, et les deux interlocuteurs s'accordent
là-dessus, suite du dialogue : « Ah OK ! Ouais ... »
Je demeure irrémédiablement circonspect et admiratif. Je reviendrai
ultérieurement pour parler plus en profondeur du « ouais » car il
mérite qu'on lui porte une attention assez relative.
Toujours est-il que nous touchons du doigt la problématique que je
cherche à résoudre : mais alors qu'en est-il du « presque » ?
À présent je peux vous affirmer sans détour que je n'en sais trop rien et que c'est déjà pas mal !
1) Maxime BONNET est un chercheur en pifométrie appliquée aux métiers de la logistique.
La Hune du 6 mai 2012 : « plus ou moins » de la théorie du complot d'incompréhension générale par Maxime Bonnet
Nous avons
préalablement évoqué la mesure du « presque » et de son frère le «
quasiment » qui sont plus ou moins la même chose ! Ahah, je le tiens
celui-là ! Le « plus ou moins » ! Quelle bête curieuse que ce « plus ou
moins » d'autant plus lorsqu'il est rattaché comme ici à « la même
chose » ! Re-ahah !
Dire « plus et moins » au lieu de « plus ou moins » serait somme toute assez logique ! Vous allez comprendre.
« Plus et
moins » se traduirait ainsi en langage mathématique : plus + moins ce
qui est égal à plus, plus + moins = plus, le « plus » l'emportant sur
le « moins », c'est ainsi, je n'y peux rien.
Tandis que
« plus ou moins » se traduirait de la sorte : plus – moins égale… quoi
au juste ? Ou plus – moins = ?
Il serait
tentant d'affirmer que le résultat est alors nul, auquel cas nous ne
sommes guère avancés une nouvelle fois, et nous aurions de quoi se
méfier de l'emploi du « plus ou moins » pour la raison suivante : alors
à quoi bon ? Je n'y comprends fichtrement rien, je doute même de la
pertinence de cet emploi d'usage pourtant courant dans notre langage.
L'associer à « la même chose » revient alors à ne rien dire de plus, ou
de moins. Autant se taire dans ce cas, car c'est parler pour ne rien
dire au final.
Par
conséquent, j'affirme bien haut que le « plus ou moins » participe à
dévaloriser la recherche pifométrique, et présume qu'il s'agit là d'un
complot de scientifiques défendant le système métrique à tout prix ! Ah
les fourbes ! Ils s'immiscent dans nos affaires, je vais leur rendre la
pareille à ces empêcheurs de tourner en rond ou presque ! Il est
toujours difficile de tourner arbitrairement en rond, comprenez par-là
au jugé. Si vous prenez la peine d'attacher une craie de sorte qu'elle
puisse être en contact avec le sol lors de votre expérience, vous
verrez la forme alors dessiner après avoir réalisé votre promenade.
Édifiant !
Tout le
monde a appris que 1 + 1 = 2, soit ! Pourtant dans notre souci de
réappropriation du réel, il faut dénoncer l'évidente absurdité d'un tel
calcul : un quoi au juste ? Un caillou + un camion ne sont pas
équivalent à 2 cailloux-camions ! Pire : un caillou + un caillou = deux
cailloux, eh bien non ! À moins de généraliser à tout crin, il n'y a
rien de plus différent que deux cailloux ! Voyez par vous-mêmes !
Prenez deux cailloux au hasard. Ahah ! Impossible de les additionner.
Les voilà piqués au vif ces vils théoriciens ! Sous prétexte
d'appréhender le réel, ils sont juges et parties, ils s'entendent pour
quantifier ce qui ne peut l'être, provoquant une incompréhension
majeure au cœur même de la science et par extension de l'humanité tout
entière ! J'exagère, vous croyez ? À peine.
Développons
l'exemple : 1a + 1b = 2ab ? Je ne suis pas mathématicien, pourtant je
ne puis m'empêcher de dire que cela ne tient pas la route une seule
seconde ! Le résultat serait il alors tronqué ? Bien, essayons
autrement : 1a + 1b = 2c ? Vous voyez bien que cela ne fonctionne pas
du tout ! Inutile d'en dire plus, il s'agit tout simplement d'une vaste
opération de déstabilisation ! Il est aisé de soustraire et
d'additionner, « ça ne casse pas trois pattes à un canard ». Soit. Je
ressens comme un malaise confus qui me laisse pantois. Simplifions : a
+ b = c. Voilà ce qu'ils nomment une équation. Ils n'ont pas plus
la réponse que vous en fait ! Voilà qui est facile et irresponsable.
Je vous
invite donc à ne plus vous soumettre à ces facéties. La prochaine fois
que vous achèterez une baguette de pain à 83 centimes d'euros, donnez 1
pièce de 1 euro et laissez la monnaie. Non seulement votre boulanger
appréciera le geste, mais plus encore, vous lutterez activement contre
l'absurde hégémonie que j'ai dénoncée ci-dessus. Quelque chose me dit
que notre monde ne pourra que s'en porter mieux !
La Hune du 22 août par Jacques Maurin ingénieur chercheur à l'ENSIPif
Proposition d’admission d’un verbe nouveau
Si la pifométrie est une science aujourd’hui
universellement reconnue, hormis de quelques aigris et grincheux
gardiens improvisés de la dogmatique scientifique ordinaire et dont,
par conséquent, nous ignorerons superbement les injures et quolibets,
il n’en est pas moins vrai que le terme manque encore de maturité
malgré l’ancienneté dont il peut se prévaloir.
La pifométrie n’est pas encore entrée dans le
langage courant malgré une utilisation quotidienne de ses unités et
valeurs. Et que dire de l’action qui découle de cette science ?
Elle n’est même pas nommée puisque aucun verbe ne la décrit. Or, qui
utilise son pifomètre est dans l’action, ô combien euphorique, de
pifométrer, n’en déplaise à Robert, Larousse et compagnie.
On arguera qu’il existe pléthore de termes en "ie"
qui ne se transposent pas en verbes et la langue française ne s’en
porte pas plus mal.
Nul ne schizophrène, ni ne boulime et encore moins aérophage, pas plus qu’il n’hémorrage. Pourtant, tout ce monde ne se porte pas bien.
Et que dire de la connerie qui veut que l’on déconne allègrement sans jamais conner ! Il est bien entendu que notre but n’est pas de réécrire le dictionnaire et de verber à tort et à travers. Laissons donc barbarer, franc-maçonner, thermogravimétrer, hôteller… ou autres, ceux que telles activités agréent, et limitons nous au domaine de la pifométrie qui nous occupe.
Doit-on se priver d’un verbe sous prétexte qu’il
n’est pas répertorié au grand livre de la langue française ? N’est-il
pas réjouissant, épanouissant de pouvoir pifométrer
tout notre saoul ? Existe-t-il pratique plus universelle, davantage
ancrée dans les mœurs, plus intuitive, plus conviviale, plus exacte
puisqu’elle convient à chacun, que la pifométrie ?
L’on pifomètre comme l’on respire, cela ne s’apprend
pas. Un bébé pifomètre son environnement avant que de le découvrir
réellement, comme un vieillard pifomètre son avenir. Entre les deux,
l’humanité ne cesse de pifométrer.
Il ne s’agit donc pas d’un terme spécialisé comme on
pourrait nous l’opposer en fin de non recevoir, mais bel et bien d’un
terme usuel dont nécessité s’impose au langage courant.
Le français n’y perdra pas sa physionomie et gagnera en richesse du langage. Imaginons quelques situations de la vie ordinaire :
Régis part en vacances avec son épouse, Gisèle.
RÉGIS — Je pifomètre six heures pour arriver.
GISÈLE — Six heures ! Pour faire deux cents kilomètres ?
RÉGIS — Oui, mais comme c’est toi qui lit la carte…
À remarquer, dans cet exemple, combien le pifomètre
est supérieur à n’importe quel instrument en ce qu’il quantifie des
informations qu’aucun calculateur électronique, aussi sophistiqué
soit-il, ne peut apprécier.
Bien entendu, Régis aurait pu user de diplomatie en même temps que de
pifométrie, mais cela est un autre débat qui ne manquera d’ailleurs pas
de pimenter le voyage du couple.
La pêche à la ligne.
DÉDÉ — J’ai cassé, bordel ! Une truitasse comme ça !
RAYMOND — Oh ! Tu es un peu marseillais, toi, non ?
DÉDÉ — Je te promets, comme ça !
RAYMOND — Et comment tu peux le savoir si elle est restée dans l’eau ?
DÉDÉ — Je l’ai pifométrée à la touche, hé couillon !
L’évidence de l’estimation laisse Raymond sans voix.
Chez la baronne Nathalie Kokoriko-Bossiflet.
LE VISITEUR — Il fait un froid de canard, chez vous, chère baronne !
LA BARONNE — Ces châteaux sont impossibles à chauffer.
LE VISITEUR — Vous n’auriez pas dû vous défaire de votre domaine de Saint-Tropez. L’hiver est particulièrement rigoureux cette année.
LA BARONNE — Encore eût-il fallu que je le pifométrasse, mon ami.
Eh oui, belle baronne, si le pifomètre ne coûte rien, il ne faut pas le bouder pour autant.
De la bonne éducation des enfants, et de Mathieu en particulier.
LA MAMAN — C’est maintenant que tu rentres ?
MATHIEU — C’est pas ma faute, j’ai pas vu l’heure passer.
Elle lui flanque une gifle.
MATHIEU — Et celle-là, tu l’avais pifométrée ?
Le Père Zosime et son ouaille.
ALBERT — Il y a une paye que je ne suis pas venu à la messe, mon père.
ZOSIME — Tu pifomètres bien, Albert. Pour autant, je ne te juge pas.
ALBERT — Mais je vous promets de venir, euh... un de ces quatre !
ZOSIME — Ah ! Si tu étais aussi bon paroissien que tu es pifométricien…
Rappelons aux non-initiés que
le pifométricien est celui qui pifomètre en professionnel, ou avec une
compétence certaine, tel un ingénieur de l’ENSIPif.
Pour les raisons qui précédent autant qu’elles suivent, et
réciproquement, je demande donc officiellement à Monsieur le directeur
de l’ENSIPif et à
Messieurs les ingénieurs d’intégrer instamment au vocabulaire
scientifique le verbe « pifométrer » sans lequel nous ne pouvons œuvrer
sérieusement à la science qui nous occupe.
Pifométrer (v.)
Estimer au doigt mouillé, au jugé, au feeling, à l'instinct, à l'intuition.
Conjugaison du verbe PIFOMÉTRER
Verbe du premier groupe se conjuguant avec avoir.
Pour consulter les tableaux des conjugaisons du verbe pifométrer établis par Jacques MAURIN, cliquez sur les lignes ci-dessous.
Tableau de la conjugaison du verbe pifométrer à l'indicatif et au subjonctif.
Tableau de la conjugaison du verbe pifométrer au conditionnel, à l'impératif et à l'infinitif.
Tableau de l'emploi du verbe pifométrer
Au commencement était le Verbe. Ce précepte nous
autorise à ne pas nous en priver. Pifométrons tous azimuts et sans
vergogne. La nécessité où se trouve notre langue de répondre par la
création de mots nouveaux aux besoins sans cesse croissants des
sciences et des techniques nous encline à penser que l’Acacadémie
Française se penchera un jour sur le cas de la pifométrie et ainsi
verrons nous les « pifomètre », « pifométrer », « pifométricien », «
pifométrique », prendre rang dans le dictionnaire officiel.
Dans cette attente, ne restons pas inactifs et
participons à enrichir toujours davantage notre belle science. La
ténacité est un gage de réussite à notre travail héroïquement inutile.
Jacques Maurin,
Ingénieur chercheur à l'ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE D'INGÉNIEURS en PIFOMÉTRIE
La Hune du 25 novembre 2012 par Jean-Luc HEBERT qui nous signale des unités pifométriques oubliées dans le cursus de l'ENSIPif :
Unité de quantité :
le Moins que rien
le Régiment (en avoir un) nota : mon père était militaire
Unité d'humeur :
le Plein le dos
le Par dessus (la tête)
le Ras (le bol, la casquette)
Unité de volume :
le Fond (de verre)
Unité de Travail
La Suée (ça ma couté une suée) origine bucheronne / travailleur de force
Unité monétaire :
le Deux balles
le Six sous
Unité footballistique :
Le carton plein