ARCHIVES DES HUNES 2011 DE l'ENSIPif


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La Hune du 3 janvier 2011 : Bonne année pifométrique.

    La science pifométrique a ceci de particulier que, partant sur une base scientifique irréfutable mais en poussant le raisonnement jusque dans les retranchements que la science officielle n'a jamais daigné étudier, elle nous entraine dans une description du monde qui prête à sourire beaucoup plus qu'à pleurer.
    Peser ses mots pour le dire n'est rien car quel métrologue se refuserait à évaluer le poids des mots à l'aide d'une balance de précision ?
    Et bien la pifométrie les pèse les évalue et les restitue avec une précision inégalée ce qui me permet de vous souhaiter, en pesant mes mots, une bonne et heureuse année 2011 pifométrique.




 La Hune du 23 mars 2011 : des nouvelles des chercheurs patagons.
    
Insensible à la frilosité ambiante, car protégé par une pilosité à faire frémir la famille Bic, le Collectif des Charmants Chercheurs Patagons, plus connu sous l’audacieux acronyme CCCP, s’est penché sur le délicat problème des relations intimes entre pifométrie et sexualité.

Les pifométriciens audacieux et âgés de plus de dix huit ans pourront télécharger ici la thèse " pifométrie et sexualité" commise par les chercheurs Patagons.





La Hune du 4 septembre 2011 : À propos de l'usage pifométrique de l'orthographe :

Nous avons lu dans "Rue 89" une explication grammaticalement pifométrique et pifométriquement réjouissante d'un travers  d'écriture qui se répand dans les titres d'ouvrages par ailleurs forts sérieux.

D'après l'auteur de l'article, depuis le milieu des années 90 il est "admis" qu'en français, le participe passé d'un verbe du premier groupe se termine en « -er » lorsque la phrase évoque une action (un meurtre, en général) commise par une personne (un homme politique, souvent) au détriment d'une autre (le ou les narrateurs, de préférence).

Cette règle remonterait au meurtre de Ghislaine Marchal, en 1991.
Sur un mur de la cave, on retrouva cette phrase tracée avec le sang de la victime : « Omar m'a tuer. »

L'affaire Omar Raddad passionnera les Français et, accessoirement, bouleversera l'usage des verbes du premier groupe et la valse des é transformés en er et vice et versa n'a pas fini de nous étonner.




LES HUNES D'OCTOBRE 2011 : LES UNITÉS PIFOMÉTRIQUES DE VOLUME DES FLUIDES INCOMPRESSIBLES CONSOMMABLES chapitres 1 et 2

Chapitre 1 du rapport d'étude de Jacques Maurin :
    Si la gastronomie est réputée détenir le pompon de la pifométrie en matière de quantités et volumes, ces derniers nous semblent quelque peu négligés en ce domaine. Qui ne s’est, un jour, attiré les foudres du voisin de camping en noyant, par ignorance, son pastis âprement gagné au terme d’une lutte acharnée à la pétanque traditionnelle ? Souvenons-nous des déboires de Marius au Bar de la Marine pour doser un picon-citron-curaçao :

CÉSAR    Tu mets d'abord un tiers de curaçao. Fais attention : un tout petit tiers. Bon. Maintenant, un tiers de citron. Un peu plus gros. Bon. Ensuite, un BON tiers de Picon. Regarde la couleur. Regarde comme c'est joli. Et à la fin, un GRAND tiers d'eau. Voilà.
MARIUS    Et ça fait quatre tiers.
CÉSAR    Exactement. J'espère que cette fois, tu as compris.
MARIUS    Dans un verre, il n'y a que trois tiers.
CÉSAR    Mais, imbécile, ça dépend de la grosseur des tiers !
MARIUS    Eh non, ça ne dépend pas. Même dans un arrosoir, on ne peut mettre que trois tiers.
CÉSAR     Alors, explique moi comment j'en ai mis quatre dans ce verre.
MARIUS    Ça, c'est de l'arithmétique.

    À la lecture de ce texte sacré et à l’examen des pratiques de comptoir ou de l’usager lambda, il est aujourd’hui indispensable d’analyser ce département spécialisé de la pifométrie et de tenter d’en définir les aspects les plus représentatifs. Il est à noter dès à présent que les unités pifométriques de volume sont principalement utilisées en apérologie appliquée.

1. Les contenants

    Nous ne nous étendrons pas sur le sujet, déjà évoqué dans le domaine de la gastronomie pifométrique. On ne peut cependant pas parler de volumes sans évoquer leurs contenants. Aucun volume ne peut perdurer sans ces derniers. D’ailleurs, souvent, le contenant détermine le volume. En voici donc une liste non exhaustive, sachant que seuls les récipients à boire nous intéressent, excluant ainsi ceux destinés au transport ou au stockage tels que bouteilles1 , bonbonnes, carafes, chopines, fûts, citernes, etc. dont les lois sont régis par les mathématiques ordinaires pour des raisons bassement commerciales.

Bol : Récipient en forme de demi-sphère. Curieusement, on y absorbe également de l’air.

Boujaron : Ancien terme de marine désignant un récipient de métal dans lequel on servait aux marins leur ration quotidienne d'alcool.

Canette : À l’origine unité de mesure spécifique à la bière, désignant par la suite une bouteille à fermeture mécanique contenant le même breuvage. La canette est aujourd’hui une boîte ronde métallique de 33 cl à ouverture dite « facile » grâce à un anneau et une languette. Peu hygiénique, elle est pourtant universellement utilisée pour boire toutes sortes de liquides.

Cuiller ou cuillère : Unité utilisée en cuisine ou en médication avec tous ses multiples ou sous-multiples, la cuiller rase, pleine, à thé, à café, à soupe etc. Peu utilisée pour boire car peu pratique et petite.

Dé à coudre : Objet assurant à l’origine la protection du doigt des couturières. Quoique n’ayant jamais servi à boire quoique ce soit, il est un contenant à titre métonymique.

Gobelet : Récipient pour boire, sans anse ni pied, plus haut que large.

Godet : Petit récipient sans pied utilisé pour boire (et par métonymie le contenu d'un godet).

Guindal : Terme ancien désignant un verre à boire (et par métonymie le contenu d'un guindal).

Hanap : Grand vase à boire du moyen âge.

Humain : Il contient environ 5 litres de sang et 70 % de son poids en eau. Il est donc un contenant, surtout s’il boit comme une éponge, il prend alors la forme d’une outre ou d’un sac à vin. Il n’est pas pour autant un récipient à boire ni même un récipient de stockage, mais sa particularité nous semble digne d’être relevée.

 humain

Ayons une pensée émue pour la gidouille du père Ubu qui matérialise parfaitement l’idéal du corps-récipient humain.

Louche : Grande cuiller. Peu pratique pour boire.

Mazagran : Récipient à pied épais pour prendre le café.

Purrù : Sorte de carafe en verre munie d’un bec long pour boire à la régalade, exercice très périlleux pour les non initiés. Instrument à boire spécifiquement catalan contenant généralement du muscat ou un vin doux local, et qui sert lors des festivités nombreuses dans cette région.


Purrù

Verre : Objet commun qui ne sert qu’à boire2, le verre se décline dans toutes les formes et dimensions. Il est utilisé pour contenir tous les liquides. On parle de verre3  à liqueur, à pied, à vin, à porto, à bordeaux, à bière, à champagne, à café. Quelques variantes du verre : le bock (verre à bière de 25 cl), la chope (verre à anse), la coupe (large verre à pied), la flûte (verre étroit et allongé), la momie (petit verre à pastis), etc. Le verre n’est pas toujours fait dans ce matériau. Il peut-être en cristal, en plastique, en carton. On le boit, mais aussi, on le prend, on se l’envoie, on le sirote, on le vide lentement ou cul sec, on l’absorbe, on l’avale, on le descend, on le lampe, on peut en avoir un dans le nez si les précédents ont été nombreux. On le lève, on l’offre, on le paye. Certains se noient dans un verre d'eau, mais il faut de l’alcool pour noyer son chagrin.

Quart : Gobelet d’un quart de litre utilisé dans l’armée et chez les scouts.

Tasse : Petit récipient pourvu d’une anse, servant à boire.

Timbale : Gobelet en métal.

Note 1 : L 'on objectera que certains ne se gênent pas pour boire directement à la bouteille (on dit populairement qu’ils la sifflent), à la carafe, voire à la bonbonne pour les plus goulus, mais ces contenants  n’en demeurent pas moins des récipients pour le transport malgré ces quelques déviances.

Note 2 :Le verre à moutarde pourrait être une exception, mais il est couramment utilisé pour boire une fois vidé de son contenu initial.

Note 3 : Certains contenants non cités dans cette rubrique parce que peu ou plus usités sont susceptibles de faire office de verre même s’ils n’en sont pas à priori : la jatte dans l’expression « se jeter une jatte », l’arrosoir dans l’expression « s’envoyer un coup d’arrosoir », le pot dans l’expression « boire un pot », le calice dans l’expression « boire le calice jusqu’à la lie », etc.

Chapitre 2 du rapport d'étude de Jacques Maurin : Les volumes

Ils dépendent souvent des précédents, mais aussi du pifomètre personnel du manipulateur, ou encore de l’anatomie du consommateur : verticalité du gosier, agilité du coude, appétence ordinaire, extraordinaire ou visuelle 4 … Ils sont principalement utilisés pour les boissons alcoolisées.

Cependant, rien n’interdit de boire de l’eau.

Bain : unité de très grande quantité d’alcool bue dans l’expression « prendre un bain ». Volume supérieur à la soupe* déjà inchiffrable et excessif. Le bain aboutit fréquemment à un état comateux.

Canon : unité de mesure équivalent à 1/16ème de litre. Verre de vin dans l’expression « boire un canon de rouge » et, par métonymie le vin lui-même. Mais le mot peut désigner tout autre alcool : « Il boit des canons, pour oublier qu’il dit ».

Chicoulon : en provençal, c’est le petit coup que l’on boit : « Allez, va, le dernier chicoulon ! ». Unité universelle à l’usage de tous les contenants et liquides.

Chouïa : mot d'arabe populaire qui signifie « peu » et assimilable au volume peu*. Très utilisé pour définir une quantité pifométrique, il l’est, dans le domaine des liquides, presque exclusivement en fin de repas sous la forme : « Je reprendrais bien un chouïa de café », ou encore accompagné de son multiple petit : « J'en reprendrai bien un p'tit chouïa, de ton Calva ». On notera que le chouïa (volume), contrairement au chouïa (quantité en cuisine), vient en complément d’une action antérieure qu’il bisse. Le chouïa est donc l’exact équivalent du volume précédemment consommé et la norme admise dans l’appréciation du « petit goût de revenez-y ».

Coup : voir « trait » dans les expressions « boire d’un coup », « boire à grands coups » ou « boire à petits coups ». Ne pas confondre avec « boire un coup » qui n’a qu’une valeur quantitative et non pas volumique.

Dé à coudre : Le terme désigne ironiquement tout contenant ordinaire ridiculement petit au goût du consommateur (on parle également d’échantillon*). Il est de ce fait considéré comme un volume.
– Tu as pris l’apéro chez Marcel ?
– Tu parles d’un apéro ! Il m’a servi un dé à coudre de whisky, j’ai même pas senti le goût.

Doigt : unité ambiguë puisque unité de longueur à l'origine, elle se transforme en volume dans des expressions comme : « Je prendrai bien deux doigts de gin ». Cette unité est très floue dans le langage pifométrique. Elle fait allusion à l’épaisseur d’un doigt. Cette dimension, fort variable selon que l’on est bucheron ou violoniste, l’est d’autant plus que l’esprit du consommateur est à la ripaille ou non. Revenons à notre exemple :
– Je prendrai bien deux doigts de gin.
– C’est ça, on va trinquer.
– Stop ! Stop ! Stop !... Si je souffle dans le ballon, c’est moi qui vais trinquer…
La réaction vive de l’invité nous démontre que : deux doigts, c’est deux doigts, il n’y a pas plus précis. Pourtant, voyons un jour où notre courageux expérimentateur est dans un autre état d’esprit :
– Je prendrai bien deux doigts de gin.
– C’est ça, on va trinquer.
– C’est des doigts de fillette, ça ! Vas-y donc, tant qu’y a de la place… Ce soir, c’est la fête !
Le doigt s’est épaissi sans que l’on ait employé de multiple. Bien malin qui définira le volume du doigt.

Dose : déjà étudiée quand associée à des valeurs humaines (dose de patience), la dose est l’unité de volume par excellence. Tout est affaire de dose dans la posologie des liquides. Nous ne parlerons évidemment pas des doses calibrées, en cl, des bistrotiers puisque là n’est pas notre propos, mais des doses pifométriques que chacun d’entre nous manipule avec plus ou moins de bonheur. Je ne saurais trop conseiller la fabrication de cocktails, qui est un excellent exercice pour se familiariser avec la dose. Il en existe des milliers facilement accessibles sur la toile et la simple confection d’un cocktail nouveau par jour donnera rapidement ses fruits et une aisance remarquable dans le geste du dosage, aisance que vous envierons vos amis. La dégustation est évidemment obligatoire pour permettre de vous améliorer. Sinon, il est facile de s’entraîner sur un alcool basique tel que le whisky. La dose idéale est celle qui vous convient en propre. Les multiples : la « bonne dose » est un peu* supérieure à la dose ; la « double-dose » n’a rien de sorcier puisqu’elle double tout simplement; la « dose de cow-boy » est encore supérieure, c’est la dose qui vous fait tousser.

Échantillon : désigne une trop petite dose*, appréciation subjective impropre à définir un volume précis.

Giclée : se dit d'un liquide qui gicle : de l’encre dans les procédés d’imprimerie, de l’huile en mécanique, un alcool en cuisine, du sperme en pornographie… Dans le domaine qui nous préoccupe, on s’enverra volontiers une giclée de rhum derrière la cravate. Le geste est rapide, il implique une certaine vivacité dans le mouvement et se rapproche par conséquent du trait* auquel on peut se reporter pour juger du volume ingurgité. Les multiples « bonne », « vieille », « sacrée » sont utilisés sans pour autant augmenter considérablement le volume et marquent davantage le contentement que l’importance de la dose.

Gorgeon : ce terme vieillot est encore utilisé dans certaines administrations. Il exprime le volume que l'on a dans la gorge et signifie un petit coup à boire, en général de vin. Notre expérience personnelle nous a montré que le gorgeon se boit d’un trait*, et l’opération se renouvelle à intervalles réguliers tout au long de la journée.
– C’est l’heure ! Je vais prendre un petit gorgeon et je reviens.
– Prends ton temps, on n’est pas débordé.

Goutte : la goutte est la petite quantité de liquide qui se détache sous forme sphérique d’un nuage, d’un vieux robinet ou du bord d’un flacon incliné. La plus grosse goutte est tout à fait insuffisante à assouvir les besoins humains. Cette unité est donc largement surestimée chez nos congénères qui la réclament : « Sers-moi une goutte de ton nectar, que je me fasse une idée ». Et il y a pire : la « petite » goutte ! À expérimenter lors de prochaines agapes : servez donc à l’aide d’un compte-gouttes la dose quémandée par votre invité et attendez la réaction. Évitez de tester sur vos amis.

Guindal : terme ancien tombé en désuétude, il n’est évoqué ici que pour mémoire et parfaitement décrit dans le chapitre des unités de la pifométrie gastronomique.

Lampée : dose de liquide que l’on peut avaler en une seule déglutition, soit d’un trait.  Cette unité est par conséquent équivalente au gorgeon* et au trait*. Multiple : bonne, « J'ai bu une bonne lampée de gnôle. ».

Larigot : l’origine de l'expression "boire à tire larigot" est très controversée. Pour les uns, le larigot est une déformation du nom de la Rigault, cloche de la cathédrale de Rouen, très dure à mettre en branle en raison de ses dix tonnes. Les sonneurs, assoiffés par l’effort, buvaient beaucoup. Pour les autres, le verbe « tirer » (sortir un liquide de son contenant) est associé au « larigot », petite flûte du XVème siècle, d’où l’incitation à faire sortir le vin des bouteilles comme le son sort de l’instrument. Quoiqu’il en soit, l’expression signifie boire en grande quantité. On peut la rapprocher, avec précautions, de la soupe* qui pourrait être son antique équivalent.

Larme : on peut affirmer de la larme qu’elle est synonyme de la goutte*.

Lichette : unité de petite quantité d’aliment et, donc, indissociable de la gastronomie. Utilisée également pour désigner une petite quantité de boisson, en général du vin.

Nuage : unité anglo-saxonne employée pour le traditionnel « Five o’clock tea » dans l’expression « un nuage de lait », adoptée par la bourgeoisie française précieuse, puis pastichée jusqu’à en devenir populaire. Le nuage définit l’infime quantité de lait que l’on va incorporer à une tasse d’eau chaude, ce qui a pour effet de la troubler sans y rajouter une quelconque saveur. La propagation inexplicable de cette boisson insipide chez les frenchies buveurs de pinard est un mystère et il n’y a que l’esprit farfelu d’un anglais 5 pour songer à mettre un nuage dans sa tasse. Quoiqu’il en soit, le nuage est une unité pifométrique de volume équivalente à presque rien. Elle peut être avantageusement remplacée par le soupçon* ou la goutte*.

Peu : unité de petite quantité employée dans les mêmes conditions de variabilité que la goutte* ou le doigt*, surtout lorsque accolé à son multiple « bon » : « Donnez-moi un bon peu de ce muscat, il est trop bon ! ». Peu est cependant beaucoup moins variable lorsque associé à son autre multiple « petit ». Le « petit peu » n’attend pas de dépassement. Il est le volume étalon des malades, diabétiques, suiveurs de régime, antialcooliques, et autres mal-fichus qui trinquent uniquement par solidarité. Il se rapproche à ce moment là davantage de la larme* ou du soupçon* : « Je prendrai un petit peu de ce muscat, pour vous faire plaisir… ».

Plein : unité identique à la rasade*, servant au remplissage complet d’un contenant : verre, réservoir, cuve. Comme précisé en préambule, nous nous limiterons au plein buvable soit celui du verre, sachant que si le volume du plein varie du verre à la citerne, la notion reste identique. Il faut savoir que :
1.    on ne peut remplir que ce qui est vide ou en partie vide,
2.    le plein ne peut excéder la valeur du contenant.
Les multiples bon et petit fréquemment utilisés pour le remplissage des grands contenants où prédomine le soucis économique, sont en revanche plus difficile à observer dans le domaine courant :
– Eh, Jules, refais-moi le plein avant que je me déshydrate !
– Et un bon plein, ça marche ! Sans faux col 6 !
Lorsque le verre déborde, le plein est dit « bon », ce que l’on ne peut pas se permettre avec un réservoir de voiture, au prix actuel de l’essence.
– Eh, Jules, encore un plein s’il te plait… Oh ! C’est un petit plein, ça ! Y a encore de la place !
– Ouais ! Moi, ce qui m’étonne c’est que ton ventre il en ait encore, de la place !

Rasade : quantité de boisson qui remplit un verre à ras, équivalent du plein*. Multiple : grande. On notera que :
1.    le volume de la rasade « R » dépend essentiellement du verre,
2.    le multiple grande « G » ne change rien au volume puisque le verre ne peut pas contenir davantage qu’une rasade. Donc G = 1.
Conclusion : R = GR = le volume du contenant.

Soupçon : volume minime, équivalent au peu*, une goutte*, un nuage*.

Soupe : unité de quantité excessive d’alcool. On la trouve surtout utilisée au lendemain des férias, fêtes de la vendange, fêtes de la bière    … Elle synthétise un nombre considérable et difficilement estimable de verres ingurgités lors de ces agapes : « Hier, je me suis fait une soupe de Ricard, j’ai encore du mal à y voir clair ». Ce volume est totalement mystérieux, découlant de variables multiples et inconnues : nombre de verres, volume des verres, durée de la libation, morphologie du buveur, tenue à l’alcool…

Tasse : évoquée dans les contenants, la tasse ne pose pas de problème si l’on se contente de boire ce qui se trouve à l’intérieur, généralement du café. Mais la tasse devient volume lorsqu’on la boit. Volume important puisque « boire la tasse » peut entrainer la mort par noyade. On pourrait penser qu’il s’agit là d’un multiple du bain*, que nenni ! « Prendre un bain » d’un breuvage quelconque se prolonge dans le temps sur une durée de plusieurs heures à plusieurs jours. Or la tasse se boit d’un coup* et le volume est maintes fois supérieur à ce que peut avaler un gosier normal dans ce laps de temps, d’où risque de noyade. De plus, on boit ordinairement la tasse en immersion dans de l’eau. Quelle horreur !

Tiers, dit « le tiers de César » : que l’on pourrait nommer aussi « tiers de bistrot », en équivalence à la minute de coiffeur. Mais nous préférons rendre à César ce qui lui appartient.
Comme la minute, le tiers est variable. Voyons-en les déclinaisons :

Le « petit » tiers (pT), forcément inférieur au tiers mathématique (TM) puisque « petit ». Avec le réducteur « tout », il devient très inférieur au TM. Nous pouvons donc écrire : 0 < tpT < pT < TM = 0,333

Le « un peu plus gros tiers » défini par rapport au « tout petit tiers » est une nouvelle variable qui s’intercale ainsi : 0 < tpT < tp+T < pT < TM = 0,333

Le « bon » tiers (bT) est, par définition, supérieur au TM, d’où : bT > TM

Le « grand » tiers (gT) enfin, beaucoup plus grand que le « bon », sans cependant égaler la moitié mathématique (MM), car l’on peut supposer que César, malgré ses faiblesses scolaires, ne peut méconnaître le demi verre dans le cadre de sa profession : 0,500 = MM > gT > bT > TM

Or, César nous donne l’équation : tpT + tp+T + bT + gT = 1

Si    bT > TM et gT > TM
Alors :     bT + gT > 2 TM = 0,666
et donc : tpT + tp+T < TM = 0,333

Pour que les tiers soient significativement différents (n’oublions pas que César et Marius n’ont aucun système de mesure hormis leur pifomètre individuel), il faut que leurs valeurs soient visiblement inégales. On peut donc affirmer que, à vue de nez :
tpT + tp+T ≅ 0,150 – 0,200 et  bT + gT ≅ 0,800 – 0,850
donc, grosso modo, on obtient :
tpT  ≅ 0,050, tp+T  ≅ 0,100, bT  ≅ 0,400 et gT  ≅ 0,450

Que nous transformerons en unités de longueur, pour plus de clarté. Soit un verre ordinaire de bistrot mesurant en moyenne 13 cm de hauteur. Si l’on excepte un col jamais utilisé de 3 cm, il nous reste un contenant utile de 10 cm, ce qui nous facilitera la conversion :


Curaçao =  tpT  ≅ 0,5 cm, Citron = tp+T  ≅ 1 cm, Eau = gT  ≅ 4,5 cm,Picon = bT  ≅ 4 cm Voilà comment on fait un bon picon-citron-curaçao.

Le même raisonnement pourra être utilisé pour définir le quart ou la moitié pifométrique selon la progression maintenant connue :

0 < tpQ < tp+Q < pQ < QM < bQ < gQ < pM < MM < bM < gM < 1

Trait : il existe deux valeurs pour cette unité, selon qu’on l’utilise en cuisine sous la forme « un trait de rhum », ou en apérologie. La question gastronomique ayant déjà été traitée , nous nous limiterons à la seconde. Le trait (ou coup) s’utilise dans l’expression « boire d’un trait » pour caractériser l'action de boire en une seule fois . La notion de volume est peu précise car elle dépend essentiellement du gosier récepteur. Il ne s’agit pas d’apprécier la qualité gustative du liquide mais de l’avaler rapidement. A ce jeu là, certains peuvent s’enfiler un godet sans sourciller tandis que d’autres s’étrangleront avec un dé à coudre. Nous pouvons néanmoins déduire par simple expérience sur un gosier ordinaire que la moyenne volumique du trait est de l’ordre de 5 à 7 cl, et par là-même du gorgeon précédemment étudié. Les multiples et sous-multiples sont : petit, grand, long. On boira lentement « à longs traits » ou « à petits traits » selon que l’on savoure ce que l'on boit, ou « à grands traits » si l’on est avide.

Note 4 :Allusion à ceux qui ont les yeux plus gros que le ventre.
Note 5 : Ou d'un surréaliste belge tel que Magritte.
Note 6 : Le « faux col » n’est pas un volume mais désigne ce qu’il manque au verre pour être plein.
Note 7 : Trait de rhum : « action lente et continue dévoilant une traînée du plus bel effet. »
Note 8 : On dit aussi « cul sec », mais ce terme imagé n’est pas un volume.

À LA HUNE LE 17 novembre 2011 :

LES UNITÉS PIFOMÉTRIQUES DE VOLUME DES FLUIDES INCOMPRESSIBLES CONSOMMABLES

Chapitre 3 du rapport d'étude de Jacques Maurin : Le graphique

Le graphique ci-dessous nous a paru indispensable à la parfaite visualisation des particularités élastiques des volumes pifométriques, sachant que l’unité étalon correspond au verre ordinaire = 1. Ce verre est segmenté en dixièmes (selon la méthode précédemment adoptée pour le tiers*) ou multiplié selon que les valeurs sont petites ou grandes. Les écarts mini et maxi devenus visuellement perceptibles, il suffira au puriste de tracer une courbe moyenne afin d’appréhender fort correctement le volume recherché.

graphique



2.    Conclusion

    Toutes les occasions sont bonnes pour boire. Le ministre de la santé nous exhorte à veiller sur une bonne et régulière hydratation. Pour ce faire, certaines compétences sont indispensables à notre harmonieuse évolution en communauté.
    Cette étude, nous l’espérons, y pourvoira. Nous ne serions cependant pas clore ce dossier sans donner une méthode de savoir-vivre à employer en compagnie et susceptible de gommer les différences sociales autour d’un bon verre.


1. On n’hésitera pas à « se rincer la dalle » pour « arroser » le B.E.P.C. du petit Calepin9, en évitant toutefois de « boire comme un trou ». On peut « lever le coude » et « s’arroser le gosier » sans pour autant « se pochtronner ».
2. Bien boire, c’est « se rincer le cornet » avec modération, éviter le « cul sec » peu élégant et ne pas « s’en mettre plein la lampe » comme un gros dégoûtant. On se « rincera la gueule » avec distinction si on ne « torche » pas toutes les bouteilles et en « basculant son verre » délicatement.
3. Surtout, on ne ricanera pas sur le sort des buveurs de flotte qui, paraît-il, « risquent d’avoir du cresson aux fesses ».
4. Si l’on a « une bonne pente », on l’assumera sans pour autant s’en flatter.
5. Une fois « dessoiffé », la « cornemuse bien rincée », on évitera de « s’en aller sur une jambe » en prenant discrètement le « coup de l’étrier ».
6. Ainsi, l’on quittera la compagnie, droit comme un I en lui souhaitant un vaillant :

« À votre santé, M’sieurs dames ! »
Note 9  : Le fils du boulanger.
Quelle étude...



La Hune du 7 novembre 2011 : le kg a du plomb dans l'aile
étalon de masse
    Aux dernières nouvelles, le kilogramme étalon est en train de fondre.
Datant de 1889, l'étalon actuel, un cylindre de 39 millimètres de diamètre et de hauteur composé à 90% de platine et à 10% d'iridium, est abrité sous trois cloches de verres dans un coffre-fort au Pavillon de Breteuil à Sèvres, près de Paris.
Il a vu sa masse varier par rapport à celles de six copies officielles.
En un peu plus d'un siècle, l'écart serait d'environ 50 microgrammes (millionièmes de gramme) entre le prototype international du kilogramme et la moyenne de ces copies fabriquées à la même époque.
Mais où sont donc passés les 50 µg manquants ?
Devant ce constat inquiétant, la Conférence générale des Poids et mesures (CGPM) envisage d'abandonner notre kilogramme étalon sous cloche et de le définir à partir de données fondamentales de la physique.
Une des pistes étudiées utiliserait la "méthode Avogadro" et là c'est très simple, il suffit de compter le nombre d'atomes qu'il y a dans une sphère de silicium de 1 kg".
La deuxième méthode envisagée serait "la balance du watt".
Un instrument de course, dont il n'existe que cinq exemplaires au monde, devrait permettre de relier la valeur de la constante de Planck avec celle du kg, en comparant la puissance mécanique et la puissance électrique.

Le laboratoire de l'ENSIPif va se pencher sur la question pour lister les différentes options pifométriques permettant de définir les unités de masse (rappelons simplement l'expérience facilement reproductible de la chute sur le gros orteil d'une masse d'un kg de plume versus une masse d'un kg de plomb).



La hune du 9 décembre 2011  :
Deux nouveaux Ingénieurs chercheurs à l'ENSIif :
  1. Marie-Ange COTTERET, chercheuse associée à l'ENSIPif  et Présidente de MÉTRODIFF
  2. Jacques MAURIN pour ses travaux sur les unités pifométriques de volume des fluides incompressibles.