La Hune du 4 septembre 2011 : À propos de l'usage
pifométrique de l'orthographe :
Nous
avons lu dans "Rue 89" une explication grammaticalement pifométrique et
pifométriquement réjouissante d'un travers d'écriture qui se
répand dans les titres d'ouvrages par ailleurs forts sérieux.
D'après l'auteur de l'article, depuis le milieu des années 90 il est
"admis" qu'en français, le participe passé d'un verbe du premier groupe
se termine en « -er » lorsque la phrase évoque une action (un meurtre, en
général) commise par une personne (un homme politique,
souvent) au détriment d'une autre (le ou les narrateurs,
de préférence).
Cette règle remonterait au meurtre de Ghislaine Marchal, en 1991.
Sur un mur de la cave, on retrouva cette phrase tracée avec le sang de
la victime : « Omar m'a tuer. »
L'affaire Omar Raddad passionnera les Français et, accessoirement,
bouleversera l'usage des verbes du premier groupe et la valse des é
transformés en er et vice et versa n'a pas fini de nous étonner.
LES HUNES D'OCTOBRE 2011 : LES UNITÉS
PIFOMÉTRIQUES DE VOLUME DES FLUIDES INCOMPRESSIBLES CONSOMMABLES
chapitres 1 et 2
Chapitre
1 du rapport d'étude de Jacques Maurin :
Si la
gastronomie est réputée détenir le pompon de la pifométrie en matière
de quantités et volumes, ces derniers nous semblent quelque peu
négligés en ce domaine. Qui ne s’est, un jour, attiré les foudres du
voisin de camping en noyant, par ignorance, son pastis âprement gagné
au terme d’une lutte acharnée à la pétanque traditionnelle ?
Souvenons-nous des déboires de Marius au Bar de la Marine pour doser un
picon-citron-curaçao :
CÉSAR
Tu mets d'abord un tiers de curaçao. Fais attention : un tout petit
tiers. Bon. Maintenant, un tiers de citron. Un peu plus gros. Bon.
Ensuite, un BON tiers de Picon. Regarde la couleur. Regarde comme c'est
joli. Et à la fin, un GRAND tiers d'eau. Voilà.
MARIUS
Et ça fait quatre tiers.
CÉSAR
Exactement. J'espère que cette fois, tu as compris.
MARIUS
Dans un verre, il n'y a que trois tiers.
CÉSAR
Mais, imbécile, ça dépend de la grosseur des tiers !
MARIUS
Eh non, ça ne dépend pas. Même dans un arrosoir, on ne peut mettre que
trois tiers.
CÉSAR
Alors, explique moi comment j'en ai mis quatre dans
ce verre.
MARIUS
Ça, c'est de l'arithmétique.
À la
lecture de ce texte sacré et à l’examen des pratiques de comptoir ou de
l’usager lambda, il est aujourd’hui indispensable d’analyser ce
département spécialisé de la pifométrie et de tenter d’en définir les
aspects les plus représentatifs. Il est à noter dès à présent que les
unités pifométriques de volume sont principalement utilisées en
apérologie appliquée.
1. Les contenants
Nous ne
nous étendrons pas sur le sujet, déjà évoqué dans le domaine de la
gastronomie pifométrique. On ne peut cependant pas parler de volumes
sans évoquer leurs contenants. Aucun volume ne peut perdurer sans ces
derniers. D’ailleurs, souvent, le contenant détermine le volume. En
voici donc une liste non exhaustive, sachant que seuls les récipients à
boire nous intéressent, excluant ainsi ceux destinés au transport ou au
stockage tels que bouteilles1 , bonbonnes, carafes,
chopines, fûts, citernes, etc. dont les lois sont régis par les
mathématiques ordinaires pour des raisons bassement commerciales.
Bol
: Récipient en forme de demi-sphère. Curieusement, on y absorbe
également de l’air.
Boujaron
: Ancien terme de marine désignant un récipient de métal dans
lequel on servait aux marins leur ration quotidienne d'alcool.
Canette
:
À l’origine unité de mesure spécifique à la bière, désignant par la
suite une bouteille à fermeture mécanique contenant le même breuvage.
La canette est aujourd’hui une boîte ronde métallique de 33 cl à
ouverture dite « facile » grâce à un anneau et une languette. Peu
hygiénique, elle est pourtant universellement utilisée pour boire
toutes sortes de liquides.
Cuiller
ou cuillère :
Unité utilisée en cuisine ou en médication avec tous ses multiples ou
sous-multiples, la cuiller rase, pleine, à thé, à café, à soupe etc.
Peu utilisée pour boire car peu pratique et petite.
Dé
à coudre :
Objet assurant à l’origine la protection du doigt des couturières.
Quoique n’ayant jamais servi à boire quoique ce soit, il est un
contenant à titre métonymique.
Gobelet
: Récipient pour boire, sans anse ni pied, plus haut que large.
Godet
: Petit récipient sans pied utilisé pour boire (et par métonymie
le contenu d'un godet).
Guindal
: Terme ancien désignant un verre à boire (et par métonymie le
contenu d'un guindal).
Hanap
: Grand vase à boire du moyen âge.
Humain
:
Il contient environ 5 litres de sang et 70 % de son poids en eau. Il
est donc un contenant, surtout s’il boit comme une éponge, il prend
alors la forme d’une outre ou d’un sac à vin. Il n’est pas pour autant
un récipient à boire ni même un récipient de stockage, mais sa
particularité nous semble digne d’être relevée.
Ayons une pensée émue pour la
gidouille du père Ubu qui matérialise parfaitement l’idéal du
corps-récipient humain.
Louche
: Grande cuiller. Peu pratique pour boire.
Mazagran
: Récipient à pied épais pour prendre le café.
Purrù
:
Sorte de carafe en verre munie d’un bec long pour boire à la régalade,
exercice très périlleux pour les non initiés. Instrument à boire
spécifiquement catalan contenant généralement du muscat ou un vin doux
local, et qui sert lors des festivités nombreuses dans cette région.
Verre
:
Objet commun qui ne sert qu’à boire2, le
verre se décline dans toutes
les formes et dimensions. Il est utilisé pour contenir tous les
liquides. On parle de verre3 à
liqueur, à pied, à vin, à porto, à
bordeaux, à bière, à champagne, à café. Quelques variantes du verre :
le bock (verre à bière de 25 cl), la chope (verre à anse), la coupe
(large verre à pied), la flûte (verre étroit et allongé), la momie
(petit verre à pastis), etc. Le verre n’est pas toujours fait dans ce
matériau. Il peut-être en cristal, en plastique, en carton. On le boit,
mais aussi, on le prend, on se l’envoie, on le sirote, on le vide
lentement ou cul sec, on l’absorbe, on l’avale, on le descend, on le
lampe, on peut en avoir un dans le nez si les précédents ont été
nombreux. On le lève, on l’offre, on le paye. Certains se noient dans
un verre d'eau, mais il faut de l’alcool pour noyer son chagrin.
Quart
: Gobelet d’un quart de litre utilisé dans l’armée et chez les
scouts.
Tasse
: Petit récipient pourvu d’une anse, servant à boire.
Timbale
: Gobelet en métal.
Note
1 : L 'on
objectera que certains ne se gênent pas pour boire directement à la
bouteille (on dit populairement qu’ils la sifflent), à la carafe, voire
à la bonbonne pour les plus goulus, mais ces contenants n’en
demeurent pas moins des récipients pour le transport malgré ces
quelques déviances.
Note 2 :Le verre à moutarde pourrait être une
exception, mais il est couramment utilisé pour boire une fois vidé de
son contenu initial.
Note
3 : Certains
contenants non cités dans cette rubrique parce que peu ou plus usités
sont susceptibles de faire office de verre même s’ils n’en sont pas à
priori : la jatte dans l’expression « se jeter une jatte », l’arrosoir
dans l’expression « s’envoyer un coup d’arrosoir », le pot dans
l’expression « boire un pot », le calice dans l’expression « boire le
calice jusqu’à la lie », etc.
Chapitre
2 du rapport d'étude de Jacques Maurin : Les
volumes
Ils dépendent souvent des précédents, mais aussi du pifomètre personnel
du manipulateur, ou encore de l’anatomie du consommateur : verticalité
du gosier, agilité du coude, appétence ordinaire, extraordinaire ou
visuelle 4 … Ils sont
principalement utilisés pour les boissons alcoolisées.
Cependant, rien n’interdit de
boire de l’eau.
Bain : unité de très
grande quantité d’alcool bue dans l’expression « prendre un bain ».
Volume supérieur à la soupe* déjà inchiffrable et excessif. Le bain
aboutit fréquemment à un état comateux.
Canon : unité de mesure
équivalent à 1/16ème de litre. Verre de vin dans l’expression « boire
un canon de rouge » et, par métonymie le vin lui-même. Mais le mot peut
désigner tout autre alcool : « Il boit des canons, pour oublier qu’il
dit ».
Chicoulon : en provençal,
c’est le petit coup que l’on boit : « Allez, va, le dernier chicoulon !
». Unité universelle à l’usage de tous les contenants et liquides.
Chouïa : mot d'arabe
populaire qui signifie « peu » et assimilable au volume peu*. Très
utilisé pour définir une quantité pifométrique, il l’est, dans le
domaine des liquides, presque exclusivement en fin de repas sous la
forme : « Je reprendrais bien un chouïa de café », ou encore accompagné
de son multiple petit : « J'en reprendrai bien un p'tit chouïa, de ton
Calva ». On notera que le chouïa (volume), contrairement au chouïa
(quantité en cuisine), vient en complément d’une action antérieure
qu’il bisse. Le chouïa est donc l’exact équivalent du volume
précédemment consommé et la norme admise dans l’appréciation du « petit
goût de revenez-y ».
Coup : voir « trait »
dans les expressions « boire d’un coup », « boire à grands coups » ou «
boire à petits coups ». Ne pas confondre avec « boire un coup » qui n’a
qu’une valeur quantitative et non pas volumique.
Dé à coudre : Le terme
désigne ironiquement tout contenant ordinaire ridiculement petit au
goût du consommateur (on parle également d’échantillon*). Il est de ce
fait considéré comme un volume.
– Tu as pris l’apéro chez Marcel ?
– Tu parles d’un apéro ! Il m’a servi un dé à coudre de whisky, j’ai
même pas senti le goût.
Doigt : unité ambiguë
puisque unité de longueur à l'origine, elle se transforme en volume
dans des expressions comme : « Je prendrai bien deux doigts de gin ».
Cette unité est très floue dans le langage pifométrique. Elle fait
allusion à l’épaisseur d’un doigt. Cette dimension, fort variable selon
que l’on est bucheron ou violoniste, l’est d’autant plus que l’esprit
du consommateur est à la ripaille ou non. Revenons à notre exemple :
– Je prendrai bien deux doigts de gin.
– C’est ça, on va trinquer.
– Stop ! Stop ! Stop !... Si je souffle dans le ballon, c’est moi qui
vais trinquer…
La réaction vive de l’invité nous démontre que : deux doigts, c’est
deux doigts, il n’y a pas plus précis. Pourtant, voyons un jour où
notre courageux expérimentateur est dans un autre état d’esprit :
– Je prendrai bien deux doigts de gin.
– C’est ça, on va trinquer.
– C’est des doigts de fillette, ça ! Vas-y donc, tant qu’y a de la
place… Ce soir, c’est la fête !
Le doigt s’est épaissi sans que l’on ait employé de multiple. Bien
malin qui définira le volume du doigt.
Dose : déjà étudiée quand
associée à des valeurs humaines (dose de patience), la dose est l’unité
de volume par excellence. Tout est affaire de dose dans la posologie
des liquides. Nous ne parlerons évidemment pas des doses calibrées, en
cl, des bistrotiers puisque là n’est pas notre propos, mais des doses
pifométriques que chacun d’entre nous manipule avec plus ou moins de
bonheur. Je ne saurais trop conseiller la fabrication de cocktails, qui
est un excellent exercice pour se familiariser avec la dose. Il en
existe des milliers facilement accessibles sur la toile et la simple
confection d’un cocktail nouveau par jour donnera rapidement ses fruits
et une aisance remarquable dans le geste du dosage, aisance que vous
envierons vos amis. La dégustation est évidemment obligatoire pour
permettre de vous améliorer. Sinon, il est facile de s’entraîner sur un
alcool basique tel que le whisky. La dose idéale est celle qui vous
convient en propre. Les multiples : la « bonne dose » est un peu*
supérieure à la dose ; la « double-dose » n’a rien de sorcier
puisqu’elle double tout simplement; la « dose de cow-boy » est encore
supérieure, c’est la dose qui vous fait tousser.
Échantillon : désigne une trop petite dose*, appréciation subjective
impropre à définir un volume précis.
Giclée : se dit d'un
liquide qui gicle : de l’encre dans les procédés d’imprimerie, de
l’huile en mécanique, un alcool en cuisine, du sperme en pornographie…
Dans le domaine qui nous préoccupe, on s’enverra volontiers une giclée
de rhum derrière la cravate. Le geste est rapide, il implique une
certaine vivacité dans le mouvement et se rapproche par conséquent du
trait* auquel on peut se reporter pour juger du volume ingurgité. Les
multiples « bonne », « vieille », « sacrée » sont utilisés sans pour
autant augmenter considérablement le volume et marquent davantage le
contentement que l’importance de la dose.
Gorgeon : ce terme
vieillot est encore utilisé dans certaines administrations. Il exprime
le volume que l'on a dans la gorge et signifie un petit coup à boire,
en général de vin. Notre expérience personnelle nous a montré que le
gorgeon se boit d’un trait*, et l’opération se renouvelle à intervalles
réguliers tout au long de la journée.
– C’est l’heure ! Je vais prendre un petit gorgeon et je reviens.
– Prends ton temps, on n’est pas débordé.
Goutte : la goutte est la
petite quantité de liquide qui se détache sous forme sphérique d’un
nuage, d’un vieux robinet ou du bord d’un flacon incliné. La plus
grosse goutte est tout à fait insuffisante à assouvir les besoins
humains. Cette unité est donc largement surestimée chez nos congénères
qui la réclament : « Sers-moi une goutte de ton nectar, que je me fasse
une idée ». Et il y a pire : la « petite » goutte ! À expérimenter lors
de prochaines agapes : servez donc à l’aide d’un compte-gouttes la dose
quémandée par votre invité et attendez la réaction. Évitez de tester
sur vos amis.
Guindal : terme ancien
tombé en désuétude, il n’est évoqué ici que pour mémoire et
parfaitement décrit dans le chapitre des unités de la pifométrie
gastronomique.
Lampée : dose de liquide
que l’on peut avaler en une seule déglutition, soit d’un trait.
Cette unité est par conséquent équivalente au gorgeon* et au trait*.
Multiple : bonne, « J'ai bu une bonne lampée de gnôle. ».
Larigot :
l’origine de l'expression "boire à tire larigot" est très controversée.
Pour les uns, le larigot est une déformation du nom de la Rigault,
cloche de la cathédrale de Rouen, très dure à mettre en branle en
raison de ses dix tonnes. Les sonneurs, assoiffés par l’effort,
buvaient beaucoup. Pour les autres, le verbe « tirer » (sortir un
liquide de son contenant) est associé au « larigot », petite flûte du
XVème siècle, d’où l’incitation à faire sortir le vin des bouteilles
comme le son sort de l’instrument. Quoiqu’il en soit, l’expression
signifie boire en grande quantité. On peut la rapprocher, avec
précautions, de la soupe* qui pourrait être son antique équivalent.
Larme : on peut affirmer de la larme qu’elle est synonyme de la goutte*.
Lichette : unité de
petite quantité d’aliment et, donc, indissociable de la gastronomie.
Utilisée également pour désigner une petite quantité de boisson, en
général du vin.
Nuage : unité
anglo-saxonne employée pour le traditionnel « Five o’clock tea » dans
l’expression « un nuage de lait », adoptée par la bourgeoisie française
précieuse, puis pastichée jusqu’à en devenir populaire. Le nuage
définit l’infime quantité de lait que l’on va incorporer à une tasse
d’eau chaude, ce qui a pour effet de la troubler sans y rajouter une
quelconque saveur. La propagation inexplicable de cette boisson
insipide chez les frenchies buveurs de pinard est un mystère et il n’y
a que l’esprit farfelu d’un anglais 5
pour songer à mettre un nuage dans sa tasse. Quoiqu’il en soit, le
nuage est une unité pifométrique de volume équivalente à presque rien.
Elle peut être avantageusement remplacée par le soupçon* ou la goutte*.
Peu : unité de petite
quantité employée dans les mêmes conditions de variabilité que la
goutte* ou le doigt*, surtout lorsque accolé à son multiple « bon » : «
Donnez-moi un bon peu de ce muscat, il est trop bon ! ». Peu est
cependant beaucoup moins variable lorsque associé à son autre multiple
« petit ». Le « petit peu » n’attend pas de dépassement. Il est le
volume étalon des malades, diabétiques, suiveurs de régime,
antialcooliques, et autres mal-fichus qui trinquent uniquement par
solidarité. Il se rapproche à ce moment là davantage de la larme* ou du
soupçon* : « Je prendrai un petit peu de ce muscat, pour vous faire
plaisir… ».
Plein : unité identique à
la rasade*, servant au remplissage complet d’un contenant : verre,
réservoir, cuve. Comme précisé en préambule, nous nous limiterons au
plein buvable soit celui du verre, sachant que si le volume du plein
varie du verre à la citerne, la notion reste identique. Il faut savoir
que :
1. on ne peut remplir que ce qui est vide ou en
partie vide,
2. le plein ne peut excéder la valeur du contenant.
Les multiples bon et petit fréquemment utilisés pour le remplissage des
grands contenants où prédomine le soucis économique, sont en revanche
plus difficile à observer dans le domaine courant :
– Eh, Jules, refais-moi le plein avant que je me déshydrate !
– Et un bon plein, ça marche ! Sans faux col 6
!
Lorsque le verre déborde, le plein est dit « bon », ce que l’on ne peut
pas se permettre avec un réservoir de voiture, au prix actuel de
l’essence.
– Eh, Jules, encore un plein s’il te plait… Oh ! C’est un petit plein,
ça ! Y a encore de la place !
– Ouais ! Moi, ce qui m’étonne c’est que ton ventre il en ait encore,
de la place !
Rasade : quantité de boisson qui remplit un verre à ras, équivalent du
plein*. Multiple : grande. On notera que :
1. le volume de la rasade « R » dépend
essentiellement du verre,
2. le multiple grande « G » ne change rien au volume
puisque le verre ne peut pas contenir davantage qu’une rasade. Donc G =
1.
Conclusion : R = GR = le volume du contenant.
Soupçon : volume minime, équivalent au peu*, une goutte*, un nuage*.
Soupe : unité de quantité
excessive d’alcool. On la trouve surtout utilisée au lendemain des
férias, fêtes de la vendange, fêtes de la bière …
Elle synthétise un nombre considérable et difficilement estimable de
verres ingurgités lors de ces agapes : « Hier, je me suis fait une
soupe de Ricard, j’ai encore du mal à y voir clair ». Ce volume est
totalement mystérieux, découlant de variables multiples et inconnues :
nombre de verres, volume des verres, durée de la libation, morphologie
du buveur, tenue à l’alcool…
Tasse : évoquée dans les
contenants, la tasse ne pose pas de problème si l’on se contente de
boire ce qui se trouve à l’intérieur, généralement du café. Mais la
tasse devient volume lorsqu’on la boit. Volume important puisque «
boire la tasse » peut entrainer la mort par noyade. On pourrait penser
qu’il s’agit là d’un multiple du bain*, que nenni ! « Prendre un bain »
d’un breuvage quelconque se prolonge dans le temps sur une durée de
plusieurs heures à plusieurs jours. Or la tasse se boit d’un coup* et
le volume est maintes fois supérieur à ce que peut avaler un gosier
normal dans ce laps de temps, d’où risque de noyade. De plus, on boit
ordinairement la tasse en immersion dans de l’eau. Quelle horreur !
Tiers, dit « le tiers de César » :
que l’on pourrait nommer aussi « tiers de bistrot », en équivalence à
la minute de coiffeur. Mais nous préférons rendre à César ce qui lui
appartient.
Comme la minute, le tiers est variable. Voyons-en les déclinaisons :
Le « petit » tiers (pT),
forcément inférieur au tiers mathématique (TM) puisque « petit ». Avec
le réducteur « tout », il devient très inférieur au TM. Nous pouvons
donc écrire : 0 < tpT < pT < TM = 0,333
Le « un peu plus gros tiers »
défini par rapport au « tout petit tiers » est une nouvelle variable
qui s’intercale ainsi : 0 < tpT < tp+T < pT < TM = 0,333
Le « bon » tiers (bT) est, par
définition, supérieur au TM, d’où : bT > TM
Le « grand » tiers (gT)
enfin, beaucoup plus grand que le « bon », sans cependant égaler la
moitié mathématique (MM), car l’on peut supposer que César, malgré ses
faiblesses scolaires, ne peut méconnaître le demi verre dans le cadre
de sa profession : 0,500 = MM > gT > bT > TM
Or, César nous donne l’équation
: tpT + tp+T + bT + gT = 1
Si bT > TM et gT
> TM
Alors : bT +
gT > 2 TM = 0,666
et donc : tpT + tp+T < TM = 0,333
Pour que les tiers soient
significativement différents (n’oublions pas que César et Marius n’ont
aucun système de mesure hormis leur pifomètre individuel), il faut que
leurs valeurs soient visiblement inégales. On peut donc affirmer que, à
vue de nez :
tpT + tp+T ≅ 0,150 – 0,200 et bT + gT ≅ 0,800 – 0,850
donc, grosso modo, on obtient :
tpT ≅ 0,050, tp+T ≅ 0,100, bT ≅ 0,400 et gT ≅
0,450
Que nous transformerons en
unités de longueur, pour plus de clarté. Soit un verre ordinaire de
bistrot mesurant en moyenne 13 cm de hauteur. Si l’on excepte un col
jamais utilisé de 3 cm, il nous reste un contenant utile de 10 cm, ce
qui nous facilitera la conversion :
Curaçao = tpT ≅ 0,5 cm, Citron = tp+T ≅ 1 cm, Eau =
gT ≅ 4,5 cm,Picon = bT ≅ 4 cm Voilà comment on fait un bon
picon-citron-curaçao.
Le même raisonnement
pourra être utilisé pour définir le quart ou la moitié pifométrique
selon la progression maintenant connue :
0 < tpQ < tp+Q < pQ
< QM < bQ < gQ < pM < MM < bM < gM < 1
Trait : il existe deux
valeurs pour cette unité, selon qu’on l’utilise en cuisine sous la
forme « un trait de rhum », ou en apérologie. La question gastronomique
ayant déjà été traitée , nous nous limiterons à la seconde. Le trait
(ou coup) s’utilise dans l’expression « boire d’un trait » pour
caractériser l'action de boire en une seule fois . La notion de volume
est peu précise car elle dépend essentiellement du gosier récepteur. Il
ne s’agit pas d’apprécier la qualité gustative du liquide mais de
l’avaler rapidement. A ce jeu là, certains peuvent s’enfiler un godet
sans sourciller tandis que d’autres s’étrangleront avec un dé à coudre.
Nous pouvons néanmoins déduire par simple expérience sur un gosier
ordinaire que la moyenne volumique du trait est de l’ordre de 5 à 7 cl,
et par là-même du gorgeon précédemment étudié. Les multiples et
sous-multiples sont : petit, grand, long. On boira lentement « à longs
traits » ou « à petits traits » selon que l’on savoure ce que l'on
boit, ou « à grands traits » si l’on est avide.
Note 4 :Allusion
à ceux qui ont les yeux plus gros que le ventre.
Note 5 : Ou
d'un surréaliste belge tel que Magritte.
Note 6 : Le
« faux col » n’est pas un volume mais désigne ce qu’il manque au verre
pour être plein.
Note
7 : Trait de rhum : «
action lente et continue dévoilant une traînée du plus bel effet. »
Note 8 : On dit aussi « cul
sec », mais ce terme imagé n’est pas un volume.
À LA HUNE LE 17 novembre 2011 :
LES UNITÉS
PIFOMÉTRIQUES DE VOLUME DES FLUIDES INCOMPRESSIBLES CONSOMMABLES
Chapitre
3 du rapport d'étude de Jacques Maurin : Le graphique
Le graphique
ci-dessous nous a paru indispensable à la parfaite visualisation des
particularités élastiques des volumes pifométriques, sachant que
l’unité étalon correspond au verre ordinaire = 1. Ce verre est segmenté
en dixièmes (selon la méthode précédemment adoptée pour le tiers*) ou
multiplié selon que les valeurs sont petites ou grandes. Les écarts
mini et maxi devenus visuellement perceptibles, il suffira au puriste
de tracer une courbe moyenne afin d’appréhender fort correctement le
volume recherché.
2. Conclusion
Toutes les
occasions sont bonnes pour boire. Le ministre de la santé nous exhorte
à veiller sur une bonne et régulière hydratation. Pour ce faire,
certaines compétences sont indispensables à notre harmonieuse évolution
en communauté.
Cette étude, nous l’espérons, y pourvoira. Nous ne
serions cependant pas clore ce dossier sans donner une méthode de
savoir-vivre à employer en compagnie et susceptible de gommer les
différences sociales autour d’un bon verre.
1. On n’hésitera pas à
« se rincer la dalle » pour « arroser » le B.E.P.C.
du petit Calepin9, en évitant toutefois
de « boire comme un
trou ». On peut « lever le coude » et « s’arroser
le gosier » sans pour autant « se pochtronner ».
2. Bien boire, c’est « se
rincer le cornet » avec modération, éviter le « cul
sec » peu élégant et ne pas « s’en mettre plein la
lampe » comme un gros dégoûtant. On se « rincera la
gueule » avec distinction si on ne « torche » pas toutes
les bouteilles et en « basculant son verre » délicatement.
3. Surtout, on ne ricanera pas
sur le sort des buveurs de flotte qui, paraît-il, « risquent
d’avoir du cresson aux fesses ».
4. Si l’on a « une bonne
pente », on l’assumera sans pour autant s’en flatter.
5. Une fois
« dessoiffé », la « cornemuse bien rincée », on
évitera de « s’en aller sur une jambe » en prenant
discrètement le « coup de l’étrier ».
6. Ainsi, l’on quittera la
compagnie, droit comme un I en lui souhaitant un vaillant :
« À votre santé, M’sieurs
dames ! »
Note 9 : Le
fils du boulanger.
Quelle étude...
La Hune du 7 novembre 2011 : le kg a du plomb dans
l'aile
Aux dernières nouvelles, le kilogramme étalon est en train de fondre.
Datant de 1889, l'étalon actuel, un cylindre de 39 millimètres de
diamètre et de hauteur composé à 90% de platine et à 10% d'iridium, est
abrité sous trois cloches de verres dans un coffre-fort au Pavillon de
Breteuil à Sèvres, près de Paris.
Il a vu sa masse varier par rapport à celles de six copies officielles.
En un peu plus d'un siècle, l'écart serait d'environ 50 microgrammes
(millionièmes de gramme) entre le prototype international du kilogramme
et la moyenne de ces copies fabriquées à la même époque.
Mais où sont donc passés les 50 µg manquants ?
Devant ce constat inquiétant, la Conférence générale des Poids et
mesures (CGPM) envisage d'abandonner notre kilogramme étalon sous
cloche et de le définir à partir de données fondamentales de la
physique.
Une des pistes étudiées utiliserait la "méthode Avogadro" et là c'est
très simple, il suffit de compter le nombre d'atomes qu'il y a dans une
sphère de silicium de 1 kg".
La deuxième méthode envisagée serait "la balance du watt".
Un instrument de course, dont il n'existe que cinq exemplaires au
monde, devrait permettre de relier la valeur de la constante de Planck
avec celle du kg, en comparant la puissance mécanique et la puissance
électrique.
Le laboratoire de l'ENSIPif va se pencher sur la question pour lister
les différentes options pifométriques permettant de définir les unités
de masse (rappelons simplement
l'expérience facilement reproductible de la chute sur le gros orteil
d'une masse d'un kg de plume versus une masse d'un kg de plomb).
La hune du 9
décembre 2011 :
Deux nouveaux Ingénieurs chercheurs à l'ENSIif :
- Marie-Ange COTTERET,
chercheuse associée à l'ENSIPif et Présidente
de MÉTRODIFF
- Jacques MAURIN
pour ses travaux sur les unités pifométriques de volume des fluides
incompressibles.