La Hune du 24 mai 2010 : La linguistique pifométrique.
Thierry Nicol, œnophile morophose ayant du nez étant à la recherche de la VAE (Validation de ses Acquis malencontreux et de son Expérience malheureuse de morosophe morose)
nous a adressé deux articles savants à fin de publication, préalable
indispensable avant l'incorporation au cursus pifométrique.
Nous publierons aujourd'hui sa première étude qui traite d'un sujet longtemps négligé : la "linguistique pifométrique".
Dans une prochaine Hune nous aborderons sa deuxième étude qui traite du
lien entre la pifométrie appliquée et la morosophie transcendantale.
CE BLANC BONNET QUI ME PREND LA TÊTE OU LA LINGUISTIQUE PIFOMÉTRIQUE.
Nous ne nous rendons pas toujours compte de l’épaisseur de notre langage, tant nous y sommes habitués.
Notre intuition sait faire spontanément avec les
mots ce que notre raison ne parvient que laborieusement à
conceptualiser…
Il y a des
ficelles grammaticales, d’une incernable richesse, que nous utilisons
sans aucune difficulté pratique et qui invalident cette expression « c’est bonnet blanc et blanc bonnet (1) » utilisée couramment pour dire « ce sont deux choses identiques », ou « a+b = b+a », dirait un matheux.
Si l’on y regarde de plus près, un bonnet blanc n’est pas exactement identique à un blanc bonnet,
car la grammaire n’a pas la codification rigoureuse du langage
mathématique. En effet, le blanc bonnet, qui est lavé avec "Mir Laine",
est plus blanc que le bonnet blanc, qui a été lavé avec une syntaxe
ordinaire.
Le fait de poser le qualificatif avant le nom, le
renforce et le place presque au rang de nom lui-même ; ainsi le
blanc bonnet est blanc avant d’être bonnet, c’est presque comme si la
couleur blanche s’objectivait dans un bonnet très quelconque.
Tandis que l’autre, là, ce bonnet blanc, il est fier
de sa condition de couvre-chef, sachant que sa blancheur n’est pour lui
qu’un détail accessoire. De plus, en passant devant le nom, l’adjectif
épithète tend à perdre son sens propre pour prendre un sens figuré et
qu’un sens figuré est nettement moins propre, presque un peu sale et
donc moins blanc qu’un sens propre.
Vous
n’êtes pas convaincu, vous pensez que je chipote pompeusement, que
j’ergote inutilement ? Pourtant, une blanche colombe me semble plus
pure qu’une colombe blanche, une foutue bagnole cote mieux à l’Argus
qu’une bagnole foutue, une vieille ferme paraît plus pittoresque (et
plus moderne ?) qu’une ferme vieille, une bonne femme sera plus
méchante (et moins sexy ?) qu’une femme bonne, un pâle visage
n’est que la métonymie indienne d’un visage pâle, une sacrée bêtise est
toujours moins pardonnable qu’une bêtise sacrée, accordez-vous autant
de dignité à un malade homme qu’à un homme malade ?
D’où il ressort que nous pouvons dire que si B = Bonnet et B = blanc, alors B+b ≠ b+B.
On peut même poser que si B+b,
alors B=Bx et b=b/y et donc B+b= Bx +b/y, avec x et y qui sont des
facteurs subjectifs variant entre 1 et +∞ selon les individus, la mode
chapelière et la symbolique des couleurs, ou qui sont des facteurs
objectifs quand x=1 et y=1.
En revanche, si b+B, alors b=by ou b=c ou b=
n’importe quoi d’autre, autrement dit ça nous fout une merde pas
possible : ça prouve que, quand ça se complique, Métis est plus
opérante que Zeus, l’intuition de Schopenhauer plus pertinente que la
raison de Kant, la mathématique moins fiable que la poésie… et enfin
que, face à la complexité du monde, la science doit laisser place à la
pifométrie…
Note du linguiste de l'ENSIP :
(1) À l'occasion de cette publication, les plus anciens pifométriciens se souviendront des variantes de la locution (2)
"bonnet blanc et blanc bonnet" telles que : "kif-kif le même sac" ou,
plus souvent, "kif-kif bourricot", cette dernière étant elle-même une
adaptation de la locution arabe "pareil à l'âne".
Ces deux locutions ayant été ramenées en France par les soldats des armées d'Afrique du Nord après 1867.
On notera que la filiation entre "kif-kif bourricot" et "blanc bonnet
et bonnet blanc (ou l'inverse)" se vérifie pour peu que le bonnet en
question soit celui d'âne qui ne comprendrait rien à la brillante
démonstration de Thierry Nicol histoire de rester en compagnie de nos
équidés brayant.
(2) On pourrait discuter de l'emploi du terme de locution plutôt que
celui d'expression, de dicton, de proverbe, ou même de paralexème, mais
il fallait bien en choisir un...
La Hune du 3 juillet 2010, sous forme de devoirs de vacances nous est proposée par Thierry Nicol :
Extrait du Petit traité de morosophie transcendantale à l’usage de nos neurones bruyants, qui résonnent sans raisonnement
Chapitre 2 : équations de l’absurde et calcul du néant où la mathématique dans le vice versa
1) théorème
Personne n’a assez d’intelligence pour comprendre sa propre bêtise.
2) Exercice d’application
En appliquant ce théorème à l’exemple suivant, vous démontrerez la
nécessité d’interdire la baignade, en divisant l’utilité des panneaux
par notre propension à tomber dedans.
Voici l’énoncé du problème :
LA GRENOUILLE ET LE SCORPION.
Un scorpion interpelle une grenouille au bord d’un cours d’eau
Et lui demande gentiment de le faire traverser sur son dos.
La grenouille, qui manque de tout sauf d’inutile intelligence,
Refuse poliment, faisant preuve de prudence et de bon sens :
La grenouille avoue qu’elle a peur que le scorpion ne la pique…
Mais ce dernier lui démontre clairement que c’est sans risque :
Il ne la piquera pas bien sûr, car s’il le faisait, tous deux se noieraient.
La grenouille examine et juge logique l’argument du commun intérêt.
Convaincue, elle accepte d’effectuer le transbordement.
Pourtant, le scorpion la pique au beau milieu du courant,
Et tandis qu’elle commence à couler,
Elle se retourne vers lui étonnée :
- « pourquoi, m’as tu piquée ? C’était stupide, insensé, inutile,
maintenant nous allons périr tous les deux, espèce d’imbécile ! »
Le scorpion mi-affligé, mi soulagé, lui dit : - « Excuse-moi ;
Je suis désolé, mais c’est ma nature : C’était plus fort que moi ! »
3) Absence d’analyse et incapacité de démonstration
4) Résultat
Personne n’a assez d’intelligence pour comprendre sa propre bêtise,
encore moins pour la maîtriser !
Personne… sauf moi, qui me croit épargné et assez malin pour terrasser
la bêtise du monde entier… Et c’est ainsi que ma propre bêtise reste
hors de danger, à l’ombre de mon ego, bien protégée.
5) Absence de discussion.
Thierry Nicol
La Hune du 3 septembre 2010 : changement de sigle.
À la fin des années
soixante, je parle ici de la deuxième moitié du dernier siècle du
précédent millénaire, les jeunes ingénieurs qui sévissaient alors dans
les bureaux d’études se repassaient en rigolant une photocopie (ça existait déjà à l’époque) d’un article paru dans une « Revue du nucléaire », disparue de nos jours,
où l'ingénieur Jean Blanchard, Capitaine de Vaisseau Honoraire et
Ingénieur EN, se présentait comme futur directeur d'une école qui
s'appellerait "l'ENSIP" et décrivait par le menu les bases du système
pifométrique.
Au fil de ma carrière, j’ai
appris petit à petit à relativiser la pertinence des certitudes qui
remplissent la cervelle de tout jeune ingénieur fier de son savoir et
j’ai éprouvé le désir d’aider le petit monde de ceux qui savent presque
tout à "se prendre un bon petit boujaron d’humilité" en leur faisant
découvrir toute la richesse de la science innée issue naturellement du
pifomètre individuel dont est doté chaque individu dès le jour de sa
naissance.
Ce qui fut fait en mettant
en ligne vers 1995 sur ce site perso les travaux de Jean Blanchard,
créant ainsi la fameuse école virtuelle qu’il appelait de ses vœux
trois décennies plus tôt.
Depuis le siècle dernier,
bien d'autres sites portant le sigle ENSIP se sont créés et il appert
qu'un risque de confusion pourrait exister entre toutes ces entités se
réclamant du même sigle ou acronyme.
Pour donner quelques exemples "d'ENSIP" concurrentes de la notre, j'en citerai seulement quelques-unes :
- École Nationale Supérieure d'Ingénieurs de Poitiers (ENSIP)
- ENSO Simulation Intercomparison Project (ENSIP)
- El Niño simulation intercomparison project (ENSIP)
- Engine Structural Integrity Program (ENSIP)
Cela fait un bon bout de temps que nous risquons la confusion entre tous ces sigles (rappel
pifométrique : le bout de temps est une unité classique utilisée aussi
bien pour décrire le passé que pour prévoir l'avenir, on peut devoir
attendre un bout de temps ou évoquer un événement qui s'est produit il
y a un bout de temps et ne toujours pas savoir si on a bien choisi la
bonne adresse Web) et il était devenu urgent d'éviter que le laps de temps nécessaire à retrouver le bon site (rappel pifométrique : LE LAPS est une unité qui possède une caractéristique de certitude apaisante pour l'esprit scientifique) ne dure une éternité (rappel
pifométrique : l'ÉTERNITÉ est équivalente au bout de temps mais
ne s'applique que si l'intervalle a été difficilement supporté. Selon
Woody Allen citant Kafka l'éternité c'est très long, surtout vers la
fin.), il nous est donc apparu opportun d'améliorer notre sigle qui devient ENSIPif, éliminant ainsi tout risque de confusion.
La Hune du 6 septembre 2010 par JP Loupp, ingénieur docteur en pifométrie de l'ENSIPif, promotion 2006 :
Comment avons nous pu ignorer jusqu'à présent une unité fondamentale de poids : le "bon peu".
Après des recherches approfondies qui ont duré "un certain temps", pas la moindre trace.
Le bon peu, c'est peu, mais quand même une quantité non négligeable.
Un grand merci à JP Loupp qui nous informé de l'existence de cette locution régionale (lyonnaise semblerait-il ?) le "bon peu" qui signifie une bonne quantité de.
"Donnez moi un bon peu de gratin s'il vous plait, il est si bon !"
La Hune du 7 octobre 2010
Les chroniques pifométriques et radiophoniques de Luc
Chareyron
En attendant la reprise des tournées de l'Éloge de la Pifométrie
qui reprendront en janvier 2011, vous pourrez retrouver l'univers de
cette science première et chère à tous au travers des chroniques
radiophoniques que Luc Chareyron va mener sur l'antenne de France Inter, en direct de
l'émission de Brigitte PATIENT "Un
jour tout neuf"
les 15 octobre et 3 décembre prochain aux alentours de... 5 h 45 !
Ces chroniques se poursuivront pendant toute la saison suivant un
calendrier encore un peu flou
(preuve que nous sommes en plein dans le sujet !)
Pour plus de renseignements
rendez vous le site de l'émission à la rubrique ?Chronique Vue sur scène?
La Hune du 9 novembre 2010 : le dé à coudre
et l'humanité.
JP LOUPP,
ingénieur de l’ENSIPif
s’est aperçu que notre cursus scientifique n’abordait pas la question
de l’unité de volume représentée par un dé à coudre qui, depuis la plus
haute antiquité, a été utilisé pour bien d’autres choses que la
protection du doigt des couturières.
Épuisé par ses longues nuits de recherches sur le
sujet mais requinqué par la dégustation d’un « bon petit » dé
à coudre de fine de Bourgogne, il nous a donc demandé d’évaluer la
contenance pifomètrique de ce récipient si répandu.
Cette demande nous a aussitôt remis en mémoire
l'expérience d’Ernest Rutherford
(1871 – 1937), qui après avoir dégusté lui aussi un dé à coudre de fine
de Bourgogne, eu l’idée dévaluer par ce biais la structure lacunaire de
la matière en se demandant si la masse de tous les êtres humains vivant
sur terre (aujourd’hui, disons 6
milliards d’individus pour prendre un chiffre rond au pif)
pourrait bien tenir dans un dé à coudre si on pouvait supprimer
l'espace vide contenu dans la matière et coller ainsi les noyaux les
uns aux autres.
Supposons (chiffre retenu par Air France KLM) qu'une
personne ait une masse moyenne de 77 kg.
L’humanité, soit 6.109 personnes, aurait
donc une masse M =
6.109 * 77 = 4,6.1011 kg
Sachant que la masse volumique de la matière dans un
noyau ρ ≈ 2,3.1017
kg.m-3, le volume
qu'occuperait une humanité
"compactée" à la masse volumique des noyaux serait donc de V = M /ρ = 4,6.1011/ 2,3.1017 ≈
2.10-6
m 3 = 2 cm3.
Ainsi compactée, l’humanité
toute entière tiendrait
donc bien dans un dé à coudre préalablement vidé de toute trace de
l'alcool
fort siroté par notre ami JPL…
La différence entre le volume qu'occuperait
l'humanité toute entière non compactée et celui d'un dé à coudre
représente en réalité le vide qu'il y a dans chaque atome.
La matière, contrairement à la pifométrie, est
vraiment très lacunaire car constituée essentiellement de vide.
Et dire que ceux qui se tapent un dé à coudre de
fine de Bourgogne ne s’imaginent pas qu’ils pourraient bien
avaler ainsi toute l'humanité !
Sidérant non ?
La Hune du 24 décembre 2010 : la Gravelotte.
En ce mois de décembre 2010 où les mauvaises nouvelles, la neige et le
verglas nous tombent dessus "comme à Gravelotte" nous avons l'occasion
d'accueillir une nouvelle unité de mesure d'intensité de mauvaises
nouvelles, la Gravelotte du nom d'une commune située sur le plateau messin à une quinzaine de kilomètres de Metz.
Cette unité est apparue en 1870 sur le champ de
bataille d'une confrontation France Prusse, bataille au cours de
laquelle les participants survivants ont été très impressionnés par le
déluge de projectiles divers et variés qui leur tombaient dessus.
Aujourd'hui on emploie cette unité d'intensité
d'occurrence d'évènements fâcheux à l'occasion d'événements moins
dramatiques que la bataille éponyme, par exemple la rapidité de
succession de phénomènes météorologiques violents, mais aussi lorsque
diverses informations, généralement non souhaitées, se succèdent
rapidement.
En cette fin d'année 2010 par exemple,
les fuites de Wikileaks et les mauvaises nouvelles économiques
tombent comme à Gravelotte sur nos pauvres têtes qui n'en peuvent
mais.